Nous allons aujourd’hui nous intéresser à l’une des plus
grandes, si ce n’est la plus grande saison de tous les temps. Début
1997, Mick Doohan, est d’ores et déjà triple
champion du monde 500cc, auteur d’un comeback légendaire après une
vilaine blessure en 1992. La victoire, il connaît. Mais en
‘97, c’est bien nous qui n’étions pas prêts.
La saison, contrairement à la précédente, s’ouvre en Malaisie. Pas
encore de Sepang et d’Hermann
Tilke, mais plutôt Shah Alam,
aujourd’hui tombé en désuétude. Concernant les forces en présence,
l’on recense quelques beaux noms. Luca Cadalora,
Alex Barros,
Norifumi Abe… Mais en réalité, aucune équipe ne
dispose du potentiel de Honda. L’équipe Repsol YPF
engage quatre pilotes à temps complet sur l’année. La superstar
Mick Doohan, son coéquipier Álex Crivillé ainsi
que Tadayuki Okada piloteront la NSR500 NV0X
tandis que Takuma Aoki se voit attribuer une
NSR500V.
La couleur est donné dès l’entame. Pole de Okada, victoire et
meilleur tour en course de Doohan, podium 100 % Honda. Mick évolue
à un niveau absolument stratosphérique, quasiment intouchable. Il
s’agit alors de l’un des meilleurs pilotes de tous les temps.
L’Australien s’impose de 11 secondes.
La tournée asiatique continue, et le mondial pose ses valises à
Suzuka, fief Honda. Les machines ailées figurent
aux six premières places ! Doohan s’impose de nouveau, mais
cette fois avec Crivillé dans ses échappements.
Puis vient Jerez. Si Okada score sa troisième pole
consécutive, Doohan ne peut rien faire face à un Crivillé
survolté, vengeant l’épisode de 1996.
Au sortir de cette course, des questions peuvent légitiment se
poser a posteriori, pour qui ne connaîtrait pas l’issue. Toujours
pas de pole pour l’Australien qui en avait pourtant mis huit un an
avant, Crivillé, qui ne quitte jamais le podium,
et, qui, maintenant, s’impose. Pourtant, le reste de la saison est
une correction en bonne est due forme.
Il faut remonter à Giacomo
Agostini pour assister à quelque chose d’aussi
invraisemblable. Victoire lors des dix prochaines courses, avec à
chaque fois la pole et huit meilleurs tours en course. Les écarts
sont absolument fous. Cadalora peut s’estimer heureux de finir à 14
secondes à Brno, car Okada en prend 22 à
Spielberg.
La course est plus disputée à Donington. En
Angleterre, Doohan souffre d’un départ moyen et doit se dépêtrer
d’un Alex Barros en feu ce jour là. Une fois chose faite, reste à
batailler avec Okada, lui aussi en forme. À la clé, un potentiel
titre est en jeu ; ne pas tomber est primordial. Pourtant, le
japonais donne du fil à retordre à « Mad
Mick » et le dépasse même, avant d’élargir.
Doohan entre dans le dernier tour en tête avec un seul objectif, la
victoire. Subissant de multiples attaques, l’Australien se défend
magnifiquement et profite de la courte ligne droite pour ne pas se
laisser rattraper. Sur la ligne, il jubile. Il est
quadruple champion du monde, alors qu’il reste
quatre manches à disputer.
Peut-il finir la saison invaincu, avec une seule défaite à
Jerez ? C’est parfaitement possible, voire probable. Après
avoir réalisé la pole position une nouvelle fois en
Indonésie, Okada parvient à se venger et à
battre Doohan pour moins d’un dixième, sur la
ligne !
Pour la dernière manche de la saison à Phillip Island, il est une
nouvelle fois favori. Parti de la pole (sa 12e consécutive) sur son
sol, personne ne semble pouvoir l’inquiéter, même pas un Norrick
Abe déchaîné en début de course. Alors qu’il semble se diriger vers
la 13e victoire de la saison, Doohan chute très lourdement.
La saison est terminée. Malgré cela, Mick a tout
de même laissé la planète moto sans voix.
Cette année 1997 est celle de tous les records. Personne ne pensait
revoir un tel niveau de domination post Continental Circus, à
l’heure où le paddock s’est considérablement professionnalisé.
D’ailleurs, les 12 victoires ne seront battues par Marc Márquez
qu’en 2014 (13). Il faut tout de même noter que le pourcentage
reste meilleur chez « Mad Mick », avec
80 %. Seuls Surtees (100%),
Agostini (100%) et
Mike Hailwood font mieux (87,5%) pour
leurs meilleurs saisons.
Si le record de pole en une saison sera battu par ce même Márquez
(13 en 2014), le nombre de pole consécutives, lui aussi de 12,
tient toujours. Selon vous, sera t-il effacé des tablettes
un jour ? Dites nous le en commentaires !
Photo de couverture : Dieter Gerhards