La longue pause imposée par le coronavirus, sous la forme d’un confinement corrosif, réveille les souvenirs des pilotes qui n’ont plus d’autre manière de passer le temps qu’à ressasser le passé. Et le sujet qui revient souvent à leur esprit est un Casey Stoner qui les a marqués par un talent naturel désarmant. Tellement d’ailleurs qu’il a mis sous sa coupe une usine Ducati fort dépourvue lorsqu’il a décidé d’aller voir ailleurs. Michele Pirro, le pilote test à Borgo Panigale, se souvient à ce titre d’un moment particulier…
Il a traversé l’histoire du MotoGP aussi vite que ses temps au tour sur n’importe quelle moto qu’on lui mettait à disposition. L’ironie du sort est que si le coronavirus n’avait pas arrêté le sablier en figeant tout le monde à la maison, on ne l’aurait pas remis à la place qu’il mérite : celui des grands pilotes qui ont marqué l’histoire. Il s’agit de Casey Stoner dont le nom n’aura jamais été autant cité comme référence par ses pairs que depuis le début de cette crise…
Michele Pirro n’échappe pas au mouvement. Dans un entretien à GPOne, il se souvient de son travail à ses côtés comme pilote d’essais Ducati, avec cette anecdote qui en dit long sur le champion australien : « j’ai eu la chance de travailler avec lui, ainsi qu’avec d’autres champions, mais Casey a des caractéristiques qui ne peuvent pas être reproduites, il était le seul à m’impressionner. »
« Casey Stoner était un avantage et une limite pour Ducati »
Il développe : « c’était un style de pilotage incroyable. J’ai essayé une fois sa cartographie lors d’un test et je n’ai pas pu terminer même un tour à Sepang. Il a tourné sans contrôle et a pu tout gérer avec son poignet, je pense qu’il est le seul à avoir cette fonctionnalité. La cartographie de Stoner était une chose inhumaine. »
Un tel talent a des avantages mais aussi des inconvénients pour un constructeur. Et Ducati en a payé le prix : « Casey était un avantage et une limite pour Ducati » insiste Pirro. « Il a gagné mais il y a peu de Stoner, tout comme de Márquez, de Rossi et de Dovizioso quand il est en forme. Le problème est que tous les pilotes qui sont passés par cette équipe ont eu du mal. Stoner a gagné et les autres ont terminé 15e. Quelqu’un comme Stoner ne vous laisse pas vous développer, avec lui vous gagnez et dans ces années, après avoir perdu Stoner, nous avons dû récupérer le développement non fait. »
On comprend maintenant un peu mieux pourquoi Honda s’est mis en quatre pour garder Marc Márquez jusqu’en 2024…