L’ambiance se tend chez Yamaha du côté du box de Maverick Viñales. Un coin que le constructeur a revu et corrigé en mettant à la place d’Esteban Garcia, choisi par le pilote, un de ses cadres en la personne de Silvano Galbusera comme chef mécanicien. Une décision finalement imposée à l’Espagnol qui, depuis, laisse filer des commentaires énigmatiques, presque délétères. Yamaha n’est pas en reste et répond sur un ton grave qui trahit la fin d’une indulgence assumée jusque-là à l’égard de son pilote. Tout ceci laissera évidemment des traces, à moins qu’elles ne soient soudainement effacées par de grands résultats…
Mais de ce revirement, pour le moment, on en est loin. Maverick Viñales a d’abord surpris son monde en avouant que s’il était à la place de son employeur Yamaha, il regarderait le marché des transferts pour le remplacer. Maio Meregalli, l’homme de la marque sur le terrain, ne l’a d’ailleurs pas contredit en déclarant : « Maverick est un pilote coûteux pour nous. Il n’a pas répondu à ses attentes ou à nos attentes ces derniers temps », a déclaré l’Italien au Grand Prix de Catalogne.
L’heure des comptes semble avoir sonné. Et d’autant plus que le voisin français dans le box montre qu’il a les épaules d’un leader. Du coup, on sort le dossier Viñales chez Yamaha et on en rappelle les pièces constitutives… Le jeune père de famille n’a terminé dans les six premiers que deux fois lors des huit dernières courses. En 2021, il a déjà perdu 41 points face à son coéquipier, qui a remporté trois fois plus de courses que lui cette année. Viñales dispute sa septième saison MotoGP, il compte neuf victoires, douze pole positions et un total de 27 podiums en 111 Grand Prix. Après deux ans et demi et 39 courses MotoGP, Quartararo détient six victoires, 14 pole positions (2 de plus que Maverick) et déjà 14 podiums. Il a roulé dans l’équipe cliente Petronas Yamaha en 2019 et 2020. Viñales a passé deux ans dans l’équipe d’usine Suzuki en 2015 et 2016. Depuis, il fait partie de l’équipe d’usine Yamaha.
Pour ce qui est de la politique intérieure, ce n’est pas mieux. Après presque deux ans et demi, un chef d’équipe a de nouveau été sacrifié en la personne d’Esteban Garcia. Le premier à être passé à la trappe avait été Ramon Forcada, exilé après la saison 2018 chez Petronas. Il est désormais aux côtés Morbidelli… Qu’il a aidé à devenir vice-champion du monde en 2020.
Viñales : « il y a quelques années, je n’ai pas pris la meilleure décision »
La fulgurance de sa victoire au premier Grand Prix du Qatar le 28 mars 2021 a fait long feu. La crise couve. Peut-être même qu’elle est déjà d’actualité. Car le discours de Viñales n’est plus celui qui s’inscrit dans le projet Yamaha sur le long terme… « Je veux prendre une bonne décision », a déclaré Maverick à DAZN. « Je veux emprunter un chemin qui me convient le mieux. Parce qu’au final, j’ai dû beaucoup m’adapter au cours de ces années en ce qui concerne mon style de pilotage et le choix de la meilleure option pour un combat pour le titre. Ça ne veut pas dire que je n’aurai pas cette opportunité en 2021… Mais ça me frustre de ne pas pouvoir démontrer mon potentiel sur la piste ».
Viñales a continué à s’exprimer de manière énigmatique : « il y a des moments où vous ne prenez pas les meilleures décisions de votre vie. Il y a quelques années, je n’ai pas pris la meilleure décision je pense. Je ne ferai pas cette erreur une seconde fois ». On croit comprendre qu’il regrette en 2021 son choix fait après 2016 de quitter Suzuki pour Yamaha. Une marque qui n’a plus remporté de titre mondial depuis le départ de Jorge Lorenzo, tandis que Suzuki l’a fait avec Joan Mir l’an dernier. L’amertume est rarement bonne conseillère…