Max Biaggi a marqué l’histoire d’Aprilia en ramenant à la firme de Noale pas moins de cinq titres. Il y en a eu trois en 250 et deux en WSBK tandis que l’empereur romain aux six sacres doit tout autant au constructeur italien. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il est à présent un ambassadeur de la marque. A ce titre, il s’est exprimé sur la situation des hommes qui s’occupent aujourd’hui de la RS-GP, en leur soufflant un conseil. Il a aussi jeté un regard sur la nouvelle époque. Que l’on qualifiera d’assez critique…
Max Biaggi est statistiquement le pilote qui a ramené le plus de trophées sur les étagères d’Aprilia. Sur ses quatre couronnes en 250 trois sont estampillées de la marque de Noale. La suite en WSBK est de la même tendance : sur les trois consécrations de la marque, deux sont du fait du Corsaire en 2010 et 2012 contre une à Sylvain Guintoli en 2014.
Le même Biaggi observe à présent depuis les coulisses la continuité de l’histoire d’Aprilia qui vit au travers d’une RS-GP que seul Aleix Espargaró s’astreint à mettre aux avant-postes. Pendant ce temps, on recherche son équipier et rien n’est plus compliqué dans une période où même Yamaha semble avoir du mal à combler ses rangs…
Sur l’embauche à faire, Max Biaggi dit sur la Gazzetta Dello Sport : « si je peux me permettre de donner un avis, Aprilia pourrait utiliser un jeune pilote. D’une manière ou d’une autre, tout le monde semble se concentrer sur les jeunes pilotes ces jours-ci ». Avec le refus de Bezzecchi ou encore de Joe Roberts l’an dernier, on ne peut pas dire qu’Aprilia ignore cette tendance. Mais les échecs constatés posent aussi la question d’une filière disparue. Une politique de détection, de formation et ensuite de fidélisation qui semble le nouvel enjeu du paddock.
Il y a ainsi la VR46 Académie qui sera considérée par Ducati, il y a la ligne Petronas aux résultats encore aléatoires mais à l’implication forte, et il existe aussi la filière Red Bull KTM dont la récolte cette saison promet les grands crus de demain. Et Aprilia ? Il n’y a plus rien. Pourtant, à une époque, il fallait rouler sur une Aprilia pour faire son premier palmarès. Max Biaggi se souvient : « c’est vraiment dommage que nous ayons perdu la fierté et la joie d’Aprilia au fil des ans. La marque était toujours impliquée dans les petites classes. C’était juste une partie importante de l’ADN d’Aprilia », note l’Italien qui ajoute : « ce serait bien s’ils pouvaient y retourner. Les jeunes sont l’avenir ».
Max Biaggi : « le monde a changé »
Hormis Biaggi en 1994, 1995 et 1996, le champion du monde 250cc est resté six ans chez Aprilia : Jorge Lorenzo (deux fois) ainsi que Loris Capirossi, Valentino Rossi, Marco Melandri et Manuel Poggiali sont les champions. Dans la catégorie 125cc, Aprilia compte dix titres, Rossi figure également dans cette liste avec un sacre.
Mais c’était une autre époque. Tout a bien changé, et selon Biaggi pas forcément en bien : « autrefois, un bon pilote pouvait se hisser seul dans les championnats les plus importants. Ce n’est plus possible, pas même en Formule 1. Aujourd’hui, l’image publique semble être plus importante que les résultats. Le monde a changé, les médias aussi. Tout est devenu plus éphémère ».
Depuis la saison 2015, Aprilia est impliqué en MotoGP avec l’équipe Gresini. Pendant cette période, la sixième place été le meilleur résultat en course, et à cinq reprises. Aleix Espargaró, qui est l’auteur de quatre de ces cinq sixièmes rangs, a été confirmé pour 2022.