Les jours ont passé depuis le Grand Prix de Styrie qui a vu un Maverick Viñales sauter à plus de 200 km/h de sa Yamaha aux freins évanouis. Comme le problème n’était pas nouveau, le fait, qui a motivé la sortie du drapeau rouge, a suscité un certain émoi parmi le peloton. L’Espagnol répond et relatant les faits tel qu’il les a vécus. Et c’est intéressant, notamment le passage de la plaquette éprise de liberté…
Maverick Viñales se souviendra longtemps de sa double visite 2020 sur le Red Bull Ring. Lors de la première, un pur miracle lui a permis de réchapper au pire en voyant les restes de la Ducati GP19 de Johann Zarco le survoler, plutôt que de le percuter. Et au cours de la dernière, il a évacué la selle de sa Yamaha en toute urgence, après s’être rendu compte qu’il n’avait plus de freins…
Le genre de cabriole que l’on n’aime guère vivre au cours d’une carrière. Reste que le dernier épisode a posé question sur le discernement du pilote. Non pas quant au fait de s’éjecter, ce qui l’a sauvé, mais sur celui de continuer sa course alors que, dès le départ, il savait que ses freins fonctionnaient de façon erratique.
Tout cela demande des éclaircissements, et avant de se retrouver devant ses pairs lors de la commission de sécurité à Misano, prochaine étape du calendrier, le Top Gun donne sa version des événements. D’abord, il fait amende honorable dans une interview avec « El Transistor » d’Onda Cero. : « c’était totalement ma faute parce que j’ai continué jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de freins. Il n’y avait plus de plaquette et elle s’est détachée du frein ». Sur les éléments précurseurs au désastre, il ajoute : « du 5e au 7e tour, le freinage a été très lent mais les temps étaient bons. J’ai dû faire deux ou trois tours pour que je retrouve les freins et ça a bien marché. Et j’ai recommencé à rouler vite. Mais en deux freinages je me suis dit : « cela ne va pas ». J’ai freiné et heureusement au début, cela m’a un peu ralenti, mais ensuite je ne m’arrêtais plus. Dans ce cas, il faut sauter ».
« Avec les nouveaux étriers, nous avons eu beaucoup de problèmes »
A-t-il mis ses collègues en danger ? « Quand j’ai vu que je manquais de freins, j’ai ralenti. En fait, j’ai levé la main et tout pour faire de la place aux autres. J’ai beaucoup laissé Dovi partir, c’est-à-dire que si j’avais un problème, je ne plaisanterais pas avec Dovi, et quand Quartararo et Valentino me dépassaient, j’avais du frein. Mais quand il est tombé en panne je les ai laissés partir. Il est clair que je n’aurais mis personne en danger ».
Une autre question qui lui est posée est celle d’avoir choisi un équipement que le fournisseur Brembo déconseillait : « c’est compliqué parce que le week-end dernier j’ai couru avec les mêmes freins et ils étaient parfaits pour moi. J’ai suivi plusieurs tours plusieurs pilotes et je n’ai eu aucun problème. Et tout le week-end, je n’ai eu aucun problème. D’un autre côté, avec les nouveaux étriers, nous avons eu beaucoup de problèmes car dans deux ou trois virages, ils fonctionnaient bien mais ensuite, il n’y avait pas de frein. Ils étaient très inconstants et cela en tant que pilote c’est très compliqué. Honnêtement, ils n’ont pas échoué, en FP4 il faisait très chaud et les freins n’ont pas posé de souci, c’est dans la course qu’ils ont commencé à ne pas fonctionner ».
Reste que cet accident aura des conséquences sur la suite de la saison. Car en se désintégrant, la Yamaha a peut-être aussi consommé une denrée rare… « J’ai entendu comme si quelque chose était tombé de la moto, je l’ai remarqué. Je me suis un peu brûlé le dos mais rien, je me sens super chanceux. Quand j’ai vu la moto en feu, je me suis dit « Je ne peux pas y croire, le moteur » ». Car le moteur était neuf. Si bien que l’Espagnol n’en a peut-être plus dans cet état de forme dans son allocation jusqu’à la fin de la saison…