On ne sait pas exactement ce qu’il y a eu entre Ducati et Aprilia dans les coulisses des discussions au sujet des nouveaux points de concession au sein de l’association des constructeurs en MotoGP, mais depuis, Ducati et Aprilia semblent à couteaux tirés. Et ce n’est pas cette dernière sortie de Massimo Rivola au sujet du WSBK qui va battre en brèche cette impression …
Entre les deux constructeurs italiens en MotoGP, la fraternité nationale ne semble pas vraiment de mise au vu des échanges que se livrent Gig Dall’Igna de Ducati Corse et Massimo Rivola d’Aprilia Racing. Le sujet est ici le WSBK, mais en filigrane on note qu’il est surtout question de l’approche à adopter en vue du futur règlement à mettre en place en MotoGP. Les arguments de Rivola révèlent au passage que l’on a changé de mentalité à Noale depuis le départ de Gigi Dall’Igna en direction de Borgo Panigale…
Car il faut se souvenir que, sous la gouvernance de ce dernier, des critiques avaient été émises sur la RSV4 de 1 000 cm3 qui était une machine MotoGP déguisée. Max Biaggi a remporté le titre en 2010 et 2012, Sylvain Guintoli en 2014, et la marque s’est engagée en MotoGP l’année suivante. À l’époque, aucun autre constructeur n’explorait la réglementation de manière aussi radicale qu’Aprilia. Avec de nouveaux patrons de courses, la philosophie de l’usine de Noale a changé…
Reste qu’à partir de 2027, une nouvelle réglementation technique s’appliquera au Championnat du monde MotoGP, qui sera adoptée pour les cinq années suivantes jusqu’à fin 2031. Avec deux impératifs : baisser la vélocité des machines, et maitriser les coûts. Ainsi, les MotoGP ne devront pas aller plus vite que ce record de vitesse de pointe établi par Brad Binder sur sa KTM fixé à 366,1 km/h depuis le Mugello 2023. En outre, les budgets devraient être réduits plutôt qu’augmentés.
Massimo Rivola : « nous ne pouvons pas être plus lents que les Superbikes »
Certes, mais en face, il y a un WSBK où l’on y roule de plus en plus vite. Non seulement grâce aux motos dont l’évolution en compétition les éloigne de la série dont elles sont issues. Mais aussi en raison de pneus Pirelli au développement dédié à la seule performance. Ce qui amène Massimo Rivola à cette réflexion : « à mon avis, rendre les motos MotoGP trop lentes n’est pas très intelligent. Mon premier argument était que nous ne pouvons pas être plus lents que les Superbikes ». Dans les deux cas, la force dominante dans les deux camps qu’est Ducati est visée.
Et Massimo Rivola le fait comprendre sur Speedweek : « nous avons également besoin d’un plafond de prix pour les machines de série car il est ridicule de permettre à des motos à 45 000 euros de rivaliser avec des motos à 25 000 euros. Le seul avenir que je vois pour le Superbike, ce sont les règles du Superstock. Ils devraient garder le même nom sympa, mais il suffit de dévisser les clignotants et le rétroviseur et ensuite de courir. C’est le message que chaque constructeur veut transmettre, car il pourra alors vendre ses motos ».
Il précise aussi : « le Championnat du Monde Superbike ne nous intéresse pas car pour le moment, cela ressemble à un championnat MotoGP B. S’ils établissent des règles équitables, alors je serais heureux d’en être aussi ». En effet, la RSV4 Factory 1100 ne rentre pas dans la réglementation actuelle du Championnat du Monde Superbike, qui n’autorise que 1 000 cm3 pour les moteurs à quatre cylindres. Le constructeur italien n’a pas de Superbike comme celle-ci dans sa gamme depuis des années. Cependant : « nous avons homologué le 1100 pour l’Endurance parce que nous pensons que c’est une classe qui en vaut la peine » mentionne Massimo Rivola.