Dans maintenant deux semaines, le Grand Prix d’Italie au Mugello aura lieu et c‘est le rendez-vous durant lequel le MotoGP moderne constate les progrès techniques réalisés d’une année sur l’autre. Car le tracé est rapide, avec notamment cette longue ligne droite se terminant par une bosse et freinage vertigineux qu’il vaut mieux réussir. Michele Pirro y a été en échec une fois et il a bien failli y laisser la vie. Reste que les missiles d’aujourd’hui y passent plus encore plus rapidement et dans une stabilité inconnue jusqu’alors grâce au progrès de l’aérodynamique. Faut-il s’en féliciter ou tirer la sonnette d’alarme ? Chez Aprilia, on répond, du patron de la compétition Massimo Rivola à son ingénieur en chef Romano Albesiano…
Aprilia est en pleine célébration à Misano avec tout le gratin de la marque, pilotes y compris. Mais on découvre aussi que les cadres de la marque de Noale sont également en pleine réflexion sur l’évolution technique actuelle du MotoGP. On rappellera la donne sur le terrain : les normes ont été fixées précédemment jusqu’à fin 2026 entre les constructeurs engagés dans la catégorie. Un règlement qui ne peut seulement être remis en cause que si toutes les parties sont d’accord pour le faire. Sinon, un nouveau n’entrera en vigueur qu’à l’échéance 2027.
Les négociations à propos de ce dernier sont en cours, dans un contexte général que le patron de Dorna Carmelo Ezpeleta a ainsi rappelé : « vous ne pouvez rien faire avant fin 2026, nous avons signé un contrat avec les constructeurs à ces conditions. Je ne peux pas dire maintenant, ‘Je vais les changer.’ Nous n’apporterions un changement que si tous les fabricants étaient d’accord à l’unanimité ». Mais si on ne peut rien faire avant, on peut prévenir maintenant. Ce que fait le patron de Dorna en déclarant sur Speedweek : « nous allons certainement ralentir l’augmentation des performances à partir de 2027. Les discussions sont déjà en cours ».
Massimo Rivola : « le nombre de pilotes opérés aux avant-bras ne cesse d’augmenter et cela signifie que quelque chose ne va pas en MotoGP »
Certes, mais tout le monde n’est pas résigné à ce plan établi. A Misano, deux personnes de poids s’il en est dans le projet RS-GP que sont Massimo Rivola et Romano Albesiano ont ouvertement fait part de leurs actuelles préoccupations pour suggérer des actions correctives au plus vite… Sur GPOne, le directeur de la compétition dit ainsi clairement : « j’aime ces MotoGP, en fait je me considère comme un fan des ailerons et des flaps, même si je sais que nous sommes allés trop loin. Cependant, nous avons besoin d’un règlement qui met un coup d’arrêt et nous ne pouvons pas attendre 2027 ».
Il explique : « nous devrons intervenir immédiatement pour faire baisser les performances. Le nombre de pilotes opérés aux avant-bras ne cesse d’augmenter et cela signifie que quelque chose ne va pas. Pourquoi ? Simple : ces motos vont trop vite, accélèrent trop fort et freinent trop fort. Aujourd’hui, si vous n’êtes pas un super athlète, vous ne roulez pas sur ces motos ».
L’ingénieur Romano Albesiano ajoute en guise de conclusion : « le défi entre l’homme et la machine est de plus en plus exigeant. Je suis attiré par une moto de plus en plus rapide, étant donné qu’autrefois vous faisiez la ligne droite du Mugello et que les motos sautaient, alors qu’aujourd’hui elles restent rivées au sol avec ces carénages. Mais je vois beaucoup de pilotes avec des problèmes d’avant-bras. C’est peut-être un stimulant pour que nous révisions allions peut-être le règlement ».