A écouter les protagonistes du paddock, il est de plus en plus clair que le MotoGP devra, en 2023, lancer sa nouvelle ère. Elle sera marquée par un environnement toiletté et un format des meetings à ce point revus et corrigés qu’il va bouleverser la physionomie de la course au titre mondial. Le patron du promoteur Dorna qu’est Carmelo Ezpeleta n’a pas caché que la source d’inspiration de ce chambardement a été la Formule 1, dont le succès populaire et médiatique est avéré. En MotoGP, des personnalités de cette F1 se sont converties aux Grands Prix moto, à l’instar de Massimo Rivola. Que pense-t-il de cette évolution ? Il répond, en précisant que, de toute façon, il fallait faire quelque chose en termes d’audience et d’intérêt…
La grande nouveauté du MotoGP 2023 sera la course sprint, inscrite au programme de tous les meetings de la saison, le samedi à 15h00. Une vraie compétition, sur la mi-distance du traditionnel Grand Prix qui aura lieu le dimanche après-midi, qui distribuera aussi la moitié des points. Une nouveauté qui fait débat dans son principe et son application. Entre tensions accrues parmi les équipes et les pilotes, le sujet des primes à définir suivant les résultats dans cette nouvelle compétition, et autres soucis qui ne manqueront pas d’apparaitre au fur et à mesure de l’expérience, ces courses sprint sont tout sauf anodines.
Mais elles sont d’ores et déjà comprises comme nécessaires. Massimo Rivola, l’homme de la compétition d’Aprilia, connait bien ce type d’enjeu car il vient de cette Formule 1 dont on veut ici s’inspirer : « la Formule 1 nous bat en termes d’audience », déclare l’Italien qui a notamment travaillé chez Ferrari. « Son tournant a été la série Netflix ‘Drive to Survive’ » lit-on aussi de lui sur motorsport-total, rendant ainsi plus cruel le grand échec de la série « MotoGP Unlimited ».
Massimo Rivola : « c’est aussi une chance pour que les gens puissent parler du MotoGP«
Mais il n’y a pas que ça : « en Formule 1, ils utilisent plus efficacement les réseaux sociaux. Les pilotes Leclerc et Norris, c’est la nouvelle génération et ils utilisent très bien cet aspect. La Formule 1 attire aussi beaucoup de personnalités. A Monza j’ai rencontré Sylvester Stallone et d’autres stars » précise le patron d’Aprilia Racing. En ce sens, il confirme la vision de Carmelo Ezpeleta qui ne veut plus d’une trêve estivale de cinq semaines tandis que dans le nouveau format des Grands Prix, de nouvelles interactions entre les pilotes et le public ont aussi été imaginées.
Cela étant dit, le même Rivola ajoute : « mais ce serait une erreur de copier la Formule 1. La course de sprint est une solution d’urgence, mais aussi une chance pour que les gens puissent parler de nous. J’espère que ça marchera ». Il poursuit ainsi son analyse : « la Formule 1 a apporté des changements importants. Ils étaient bons, mais ils ont aussi eu de la chance. Ils ont changé les règles de la performance. Le MotoGP n’a pas ces problèmes. Nos pilotes sont tous proches. Ce n’est pas non plus une question de spectacle sur la piste ».
Mais Rivola note également qu’il y a beaucoup plus d’argent dans l’industrie automobile que dans le secteur de la moto : « dans des pays comme l’Indonésie, le marché se développe rapidement. Il y a des marchés qui nous veulent. Nous devons attirer plus de gens, mais on ne doit pas appliquer les prix en vigueur dans la Formule 1 ». Rendez-vous fin 2023 pour faire le bilan des nouvelles recettes mises en place.
