Massimo Rivola est un directeur de course d’une l’usine Aprilia engagée en MotoGP, et 2021 sera sa troisième saison à ce poste. Au vu de la courbe de niveau de la RS-GP depuis qu’elle est des effectifs de la grille de départ, c’était, jusqu’à présent, la dernière moto à laquelle on pensait pour jouer quelque chose dans le huppé peloton de la catégorie majeure des Grands Prix. Jamais on ne l’a vu plus haut qu’une sixième place. Puis le nouvel opus est apparu et lors des cinq jours passés au Qatar, il s’est obstinément accroché dans le top 5. Si ces bonnes sensations se confirmaient une fois la compétition lancée, ce serait une grosse sensation. Rivola y croit, et il se met même la pression.
Si l’Aprilia se révélait enfin cette saison ce serait un sacré pied de nez au contingent de jeunes pilotes qui a refusé son guidon et décliner ainsi le poste de pilote d’usine. Peut-être même que les regrets commencent à germer puisque Andrea Dovizioso, lui, n’a été pris de remords pour reprendre langue avec les hommes de Noale et se dégager ainsi l’opportunité de s’en faire lui-même une idée, du 12 au 14 avril, pour un test à Jerez …
On ne sait où tout cela va mener, et le premier Grand Prix de la saison au Qatar donnera certainement une forte indication sur la suite. Mais cette RS-GP 2021 a fait son effet. Au grand plaisir de Massimo Rivola, responsable sur le terrain de cette aventure : « pour moi, c’est la troisième année avec Aprilia et ma deuxième moto. En 2019, la moto était déjà prête quand je suis arrivé. C’est l’année la plus importante, maintenant encore plus sans Fausto Gresini ». On rappellera que les troupes de Noale campe dans le box du Gresini Racing, dont le patron a été emporté par une infection à la Covid-19.
Les enjeux sont donc grands pour Aprilia cette année et, avec cette dimension affective qui interdit de décevoir au nom de la mémoire, la pression n’est pas feinte. Or, le constructeur qui fait partie du pourtant puissant groupe Piaggio est reconnu pour présenter le budget le plus modeste dans le paddock. Un aspect sur lequel Rivola ne s’attarde pas : « si le budget est ouvert, cela facilite certainement beaucoup de choses. Mais je préfère avoir plus de temps qu’autre chose ». dit-il.
Il ajoute : « si la moto est aussi bonne que je pense, nous pouvons montrer que nous n’avons pas besoin d’un budget aussi important pour être compétitifs ». Une remarque qui prend tout son sens lorsque l’on sait que le cinquième budget parmi les six constructeurs n’est autre que celui de Suzuki… Dont on ne rappellera pas l’excellente campagne 2020.
Massimo Rivola sait qu’Aprilia ne peut plus décevoir
Maintenant, qu’est-ce-qui a métamorphosé à ce point la RS-GP ? Rivola donne ses indications : « c’est un peu de tout. Nous avons fait de grands progrès en aérodynamique, nous sommes au plus haut niveau, peut-être parmi les meilleurs sur la grille sur ce plan. Je suis également confiant sur le châssis. Nous avons également amélioré l’électronique, mais il y a encore de la marge de manœuvre. Nous y travaillons ».
Et le moteur ? « Je pense que le moteur est notre point faible pour le moment. Les employés du département moteur ont fait un travail incroyable pour changer complètement le concept en à peine un an et demi » répond Rivola. On rappellera en effet que l’année dernière, le constructeur MotoGP a présenté un tout nouveau moteur avec un angle de cylindre de 90 degrés. « Cette année, nous avons de nouvelles culasses. Donc, beaucoup de choses se sont passées », explique le responsable de l’Aprilia. « Mais il nous faudra un peu plus de temps pour développer et tester le moteur », admet-il.
Comme si la charge ne suffisait pas sur ses épaules, Rivola précise enfin que 2021 est aussi un enjeu politique majeur : « l’ambition est de devenir une équipe officielle d’usine et peut-être même d’avoir une équipe satellite », explique le responsable sur Motorsport-total. « Quatre motos et quatre pilotes rendent tout un peu plus facile en termes de croissance et de performances ».
Pour attirer des teams, il faut, comme pour les pilotes, une RS-GP convaincante. Pour le moment tout ne tient qu’à un fil et sur le seule Aleix Espargaró à qui il est interdit de se blesser ou d’attraper la Covid-19. Entre lueur d’espoir de lendemains qui chantent et précarité du moment, les nuits de Massimo Rivola doivent courtes et agitées …