Marco Rigamonti est une grande figure du paddock MotoGP, peu connu du public parce qu’il est un travailleur de l’ombre. Mais de Max Biaggi en WSBK au MotoGP avec Casey Stoner en passant par Valentino Rossi et Andrea Iannone, l’Italien en a vu beaucoup, forgeant un solide vécu passé notamment sous les auvents Ducati et Suzuki. C’est avec cette première marque qu’il est revenu après sa période Iannone en suivant techniquement Johann Zarco, puis aujourd’hui Enea Bastianini dans le team officiel. Avant de revêtir la chemisette rouge, il a fait une évaluation du Français qui en dit long et qui explique beaucoup…
Sur slick-magazine, Marco Rigamonti nous dit tout et bien plus au travers une expérience commencée en 2003 au plus haut niveau de la compétition moto. L’Italien est celui sur lequel un pilote doit compter, puisque chef mécanicien de talent qui a côtoyé les plus grands des générations passées. Dans son parcours, il a aussi croisé la trajectoire de Johann Zarco. Découvert du temps de feu le team Avintia avec une GP19, il l’a suivi jusqu’à chez Pramac, avant d’être aspiré par la structure usine pour être mis au service d’Enea Bastianini.
Bien qu’il ait croisé de fortes personnalités, Rigamonti semble avoir été marqué par celle du tricolore. On lit ainsi : « Johann Zarco subit beaucoup de pression, qu’il se met souvent sur lui-même » commence-t-il. « Avec le passage de KTM à Avintia, au guidon d’une Ducati de deux ans plus vieille que celles de l’usine, il a réussi à arracher une pole position dans la troisième course puis un podium ».
Puis il ajoute : « ayant retrouvé une certaine estime de soi, à partir de là, il a commencé à vouloir de plus en plus de résultats, mais en obtenant le contraire : en 2021, bien qu’il n’ait jamais gagné, il a connu une première moitié de saison incroyable, avec d’excellents résultats, suivis d’une finition bourrée d’erreurs, de chutes, sous la pression des médias et surtout de la sienne ».
Marco Rigamonti : « en 2021, Johann Zarco vivait une situation difficile à la maison, avec sa petite amie«
L’Italien fait une comparaison pour bien se faire comprendre : « de ce point de vue, lui et Andrea étaient aux antipodes : alors que Iannone était extrêmement sûr de lui, Johann est celui qui se remet toujours en question. Parfois trop ». Et il révèle… « A cela s’ajoutent également des situations personnelles : nous avons appris par la suite qu’à cette période – en 2021 – il vivait une situation difficile à la maison, avec sa petite amie. Cette partie de notre travail est malheureusement incontrôlable mais joue un rôle fondamental. D’un certain point de vue, c’est comme si on nous demandait aussi d’être un peu psychologue ».
L’accompagnement mental serait donc un paramètre à ne jamais oublier avec Johann Zarco, et c’est un aspect du métier que le chef d’équipe, quel qu’il soit, va devoir de plus en plus intégrer dans sa communication avec son pilote. Car les saisons vont être de plus en plus difficiles tant d’un point de vue physique que psychologique avec le nouveau format des Grands Prix. Pour en revenir à notre double Champion du Monde de Moto2, la perte de Rigamonti, qui avait fini par bien le cerner, semble pouvoir être compensée par le team manager de l’équipe Pramac Gino Borsoi qui a déjà assuré avoir été très à l’écoute du tricolore pendant cette intersaison, apparemment riche en échanges.