Quel est donc le secret de Marc Márquez ? Il enfile les victoires comme d’autres les perles, il est Champion du Monde plus souvent qu’à son tour, il épuise ses adversaires dont les compétences commencent à être remises en cause par leurs employeurs… Une forme physique étonnante, une hargne et un sens de l’équilibre hors-norme, une Honda faite à sa main, un nouveau moteur, une maîtrise de l’électronique… Où est la clé du mystère ? Un peu dans tout ça, mais aussi dans un élément partagé par tout le monde… Mais lui, il a pris la peine de bien le comprendre.
Un manufacturier unique qui propose à tout le monde théoriquement le même produit, ce n’est pas le genre de chose sur lequel on se pencherait pour faire la différence. Pour ça, on s’en irait trouver ce que les autres n’ont pas. Et pourtant, Marc Márquez a travaillé sur le cas Michelin. Avec des résultats probants qui se sont nettement révélés en Aragón.
Lors de ce Grand Prix, on a pu constater que les gagnant avaient une gomme médium arrière alors que les perdants avaient pris un dur. Un coup de poker. C’est tout le contraire ! L’officiel Honda a ainsi expliqué dans sa conférence de presse : « c’était très clair pour nous : si la température avait été supérieure à 26° dans l’air et supérieure à 35° au sol, on serait parti avec le dur. Sinon, avec le médium. » Et lors du dimanche de course en Aragón, la piste était inférieure à 35°.
« Il est vrai qu’on aurait pu courir avec le pneu avant dur, mais c’était prendre trop de risques » ajoute Marc Márquez. « Et cette année, une des choses que l’on a déjà vues au Mans et à d’autres courses, c’est que je pouvais courir avec le médium. Car nous avons un peu changé l’équilibre de la moto, nous avons maintenant plus de moteur et nous travaillons d’une façon différente. Je peux faire un chrono de deux ou trois façons différentes, et c’est le plus important. »
En théorie, le pneu arrière dur peut durer plus longtemps que le pneu tendre. Or, cette logique ne s’est pas vérifiée. Un miracle ? Là aussi, le pilote Honda explique et révèle un véritable travail d’analyse fait dans l’ombre du box : « cela fait déjà beaucoup de course, même l’année dernière, que j’ai compris que vous devez comprendre les pneus Michelin. Ils donnent seulement des références et disent ce qui est le plus tendre et ce qui est le plus dur, mais vous devez alors bien connaître les températures, les conditions de piste et le revêtement, puis choisir celui avec lequel vous vous sentez le mieux. »
« C’est ce que j’ai fait durant les essais, et c’est pour cette raison que nous avons fait beaucoup de tours avec les pneus, car c’est la meilleure façon pour comprendre quelle est la meilleure gomme pour notre moto pour la course de dimanche. »
La démarche est tellement précise que Marc Márquez est déjà en mesure d’expliquer ce qui va se passer en 2020, avec les nouveaux pneus Michelin ! « Nous l’avons essayé et il semble que tous les pilotes l’aiment bien. La principale différence est qu’il a plus d’adhérence. Le truc, c’est que nous ne savons pas si c’est adhérence sera régulière, mais il semble que la carcasse procure une meilleure adhérence, et cela aide tout le monde. C’est vrai ! Peut-être qu’en particulier les Yamaha, avec plus d’adhérence, peuvent être plus rapides, mais Ducati et nous, avec plus d’adhérence, on peut passer plus de couple. Ce sera donc équilibré et pour moi cela sera une aide pour tout le monde : quand un pneu est meilleur, il est meilleur pour tout le monde. » C’est aussi ça la science d’un Champion…