Marc Marquez travaille dur pour revenir à son meilleur niveau et il en est de même chez Honda, actuellement dernier constructeur classé en MotoGP. 2023 devra montrer un autre visage plus proche du lustre d’antan, mais cette ambition avait déjà été affichée pour les saisons 2021 et 2022, qui n’ont, au contraire, qu’enfoncer un peu plus le blason ailé de plus en plus déplumé. Cependant, l’année prochaine devra être la bonne fenêtre de tir car l’octuple Champion du Monde aura recouvré sans doute l’essentiel de ses moyens et, surtout, entrera dans la dernière période de son contrat qui court jusqu’en 2024. Une année où Repsol réfléchira aussi à nouveau sur la suite de son implication. La partie s’annonce d’autant plus serrée qu’au HRC, on est à la bourre sur la nouvelle moto qui doit tout changer…
En MotoGP aujourd’hui, c’est Ducati qui impose un tempo technique que seul le compatriote Aprilia semble suivre plus ou moins régulièrement. Le reste du plateau rame pour être au niveau. Chez KTM on semble sur la bonne voie tandis que chez Yamaha, il faut écouter le pilote test et toujours vert Cal Crutchlow pour apprendre qu’au niveau moteur, on en est à éprouver une quatrième évolution. En attendant des nouveautés dans d’autres domaines, et notamment l’ensemble du châssis.
Et Honda ? Les mœurs ont changé dans le milieu et les faits ont occis cette certitude qu’en termes de réactivité et d’inventivité, le premier constructeur mondial n’avait pas son équivalent dans le monde de la moto. Le géant est aujourd’hui emprunté, un Gulliver mis à terre par l’activité frénétique de lilliputiens italiens, industriellement parlant. Pire, le problème n‘est pas qu’une question d’envergure. L’esprit, la philosophie, l’approche dépassés sont autant de boulets à trainer pour le sumo japonais qui passerait presque pour un attardé.
Après avoir regretté le chemin technique défriché par Ducati et depuis devenu une voie sans unique vers un minimum de réussite, la marque Honda s’est résolue à s’inspirer des cansons mis en place par Gigi Dall’Igna. Mais ce n’est apparemment pas si simple si l’on écoute un Marc Marquez quittant la Malaisie pour rejoindre Valence, dernière épreuve du calendrier, mais aussi nouveau Grand Prix qui sera en partie dédié aux tests en vue de 2023… « A Sepang, on a manqué de grip et de moteur, et quand tu es dans une situation comme ça, tu as des problèmes » commente celui qui en est à 100 podiums en MotoGP. « Je peux aller vite sur un tour, mais sur la distance de course, c’est autre chose. Si tu cumules ça avec deux très longs lignes droites, alors tu perds trop de temps ».
Marc Marquez : « nous n’allons avoir qu’une seule chance, jusqu’à présent nous n’avons pas pu tester la nouvelle moto«
Il ajoute : « tous les pilotes Honda ont eu des problèmes de freinage. Si vous regardez les photos du week-end, vous verrez que plusieurs fois je freine avec la roue arrière en l’air, et ce n’est pas bon si vous voulez aller vite. J’ai essayé les ailes arrière, mais uniquement en FP4. A Valence, je vais les essayer à nouveau. Je ne sais pas si nous aurons plus de nouveautés dans le box que nous n’avons pas encore vues ».
Une incertitude qui le mine : « nous avons collecté beaucoup d’informations et je leur ai donné le plus de retours possibles. Il est maintenant temps de travailler dur et de trouver des solutions ». Et il prévient qu’il n’est pas dupe. Il a bien remarqué que le temps s’écoulait trop vite pour le HRC : « au test de Misano, toutes les usines apportent normalement la moto de l’année prochaine » mentionne Marc Marquez.
« Nous sommes en retard, et Honda le sait. Nous n’allons avoir qu’une seule chance, jusqu’à présent nous n’avons pas pu tester la nouvelle moto, et nous ne savons toujours pas si nous allons l’essayer à Valence. S’ils ont quelque chose de nouveau, bien sûr, ce sera très utile. Honda travaille. Nous manquons de puissance, mais nous devons également trouver un compromis entre vitesse et la maniabilité » estime-t-il avant de conclure : « j’ai encore deux ans sur mon contrat, j’aimerais rester au HRC pour toujours, mais j’ai aussi envie de gagner ». Le compte à rebours est lancé, mais on précisera tout de même que Honda a attendu le retour de son roi pour valider ses nouveautés en MotoGP. Or, il n’est revenu que depuis Aragon.
