Marc Marquez est dans le même état d’esprit que ses collègues du MotoGP à maintenant quelques jours de l’entame des hostilités du Grand Prix du Qatar qui ouvrira la saison 2022 : il est impatient d’en découdre et de découvrir le véritable niveau d’un plateau qui s‘est révélé pour le moins serré lors de l’intersaison. Il aborde aussi l’échéance avec sérénité et soulagement après les épreuves traversées depuis deux ans qui ont redéfini totalement son plan de carrière. Débarrassé de sa diplopie, qui peut aussi revenir à tout moment, il regarde la réalité en face et jure qu’il ne jouera pas petit bras malgré une épaule droite qui reste son talon d’Achille…
Marc Marquez a posé les bases de sa saison 2022 qu’il sait aborder dans un état physique encore à parfaire et une nouvelle Honda encore à mettre au point. Pour gérer tout ça au mieux, il se reposera sur sa grande expérience. C’est du moins ce qui ressort de l’entretien qu’il a accordé à Simon Patterson dans The Race, dont les propos ont été trouvés sur Mowmag : « il y a dix ou douze pilotes qui pourraient facilement se battre pour le titre » constate l’octuple champion du monde. « Je pense que Fabio Quartararo et Pecco Bagnaia sont les premiers noms qui me viennent à l’esprit pour le combat pour le titre. Ils semblent être le pari le plus sûr, mais bien sûr, on ne sait jamais. On peut dire que les pilotes Suzuki en Malaisie ont été impressionnants. Si vous voyez le rythme des pilotes Aprilia en Malaisie, c’était impressionnant. Si vous voyez Enea Bastianini c’était impressionnant, si vous voyez Jorge Martin pareil. Tout est très ouvert et c’est merveilleux, même si cela implique de devoir faire face à plus d’adversaires »
« Je veux être parmi eux. Les variables sont cependant nombreuses, à commencer par ma condition physique » dit-il, se souvenant de la situation anxiogène née de ses troubles de la vision et de son bras droit dont la convalescence l’amène jusqu’à déménager à Madrid, lui, le Catalan : « c’était vraiment dur, surtout d’un point de vue mental : essayez d’imaginer ce que signifie ouvrir les yeux et voir double à chaque fois ».
Cependant, Marc Marquez n’est pas le genre de personne à s’apitoyer sur son sort : « je n’ai jamais oublié quel est mon objectif. Et mon objectif est au moins une fois d’essayer de me battre pour le championnat et je pense que je suis sur la bonne voie. J’ai 29 ans, donc j’ai le temps ». Un temps dont il aura aussi besoin pour mettre cette nouvelle Honda à sa main : « je suis reconnaissant à Honda pour ce grand changement. Mais en même temps, je dis que tout changement nécessite une période d’étude. A Sepang, j’ai commencé avec l’ancienne moto, mais en montant sur la nouvelle, j’ai tout de suite réalisé que c’était complètement différent. Je suis très content, mais nous devons beaucoup travailler ».
Marc Marquez : « je ne peux pas dire que je suis d’accord avec Alberto Puig »
« Pour le moment, je n’y suis pas » a admis le n°93, « je n’y suis toujours pas. Il est vrai que tous les autres pilotes Honda ont déjà piloté cette moto à Jerez l’hiver dernier et ont déjà eu l’occasion d’adapter leur style de pilotage. C’est une moto plus grosse et je ne me sens pas à l’aise mais quand j’attaque le chrono vient et c’est ce qui compte. Je suis un pilote qui peut faire un tour sans ressentir ses meilleures sensations sur la moto, mais je sais que pour une saison, il faut comprendre la moto et comprendre ce dont on a besoin à chaque fois. Peut-être que dans les courses, nous ferons des erreurs de stratégie, sur la façon de trouver le meilleur de la moto, mais c’est une moto où le potentiel est là ».
Cela étant dit, il arrivera à un moment dans la saison où les choses deviendront plus claires. Et cet instant stratégique, Marc Marquez en définit ainsi l’échéance : « en avril, je devrai être prêt. Car c’est fin avril, mai, cinquième ou sixième course qu’on peut vraiment se rendre compte du nombre d’opportunités qu’on a de se battre pour le championnat du monde. Tu comprends si tu es à 20 points du premier, à 100 points ou si tu es en tête ».
Une approche pragmatique qui l’oblige aussi à prendre ses distances avec son team manager Alberto Puig qui a clamé à qui voulait l‘entendre que, sans ses pépins physiques qui ont fait basculer sa carrière ces deux dernières années, il aurait gagné les deux derniers titres mondiaux sans coup férir… « Je ne sais pas s’il y en aurait eu deux de plus » a commenté le phénomène de Cervera. « Je ne peux donc pas dire que je suis d’accord avec Alberto Puig, car la vérité est que je n’aime tout simplement pas parler avec des « si ». Mais c’est vrai qu’en 2020 j’ai fait une très bonne année et en général je me sentais vraiment bien et la moto fonctionnait très bien. L’année dernière également, la moto était une machine pour gagner un titre et je l’ai dit dans certaines interviews. Les outils étaient là, et on ne sait jamais. Mais le passé est passé » termine l’octuple Champion du Monde.