Marc Marquez Misano

Marc Marquez tient en haleine Honda mais aussi tout le paddock MotoGP et ses fans sur un état de santé dont le bilan ne devrait plus tarder. Sa diplopie est une grave préoccupation et elle n’est qu’une alerte de plus d’un corps qui, à 28 ans, a déjà été fortement sollicité. Car Marc Marquez ne ménage jamais sa peine. L’octuple Champion du Monde va toujours au sacrifice pour construire son palmarès et asseoir sa réputation. Mais il reste tout de même un homme avec son seuil de tolérance et sa sensibilité. Cet aspect méconnu, il l’a dévoilé dans un reportage qu’agrémente aussi un Jorge Lorenzo sur un sujet dont il a levé le tabou : celui de la peur.

On se souviendra que lorsqu’il avait été demandé à Cal Crutchlow de comparer Marc Marquez à un animal, il l’avait spontanément identifié à un chat. En précisant que le félin retombait toujours sur ses pattes après une cabriole. Sans compter qu’on lui attribue plusieurs vies… Cependant, les heurs et malheurs restent tout de même marqués et l’officiel Honda s’est confié sans fard sur leurs impacts psychologiques : « normalement, nous, les pilotes, avons déjà intériorisé ce que sont les chutes, les risques, les douleurs ou les blessures », témoigne Marc Márquez. « Vous tombez et vous voulez remonter sur la moto ».

Marc Marquez : « il y a des moments où il faut se forcer un peu, ne pas attendre que la peur passe« 

Cependant, tout n’est pas toujours aussi simple… « Il y a différentes occasions ou après des chutes que vous avez subies vous ne voulez plus monter sur la moto. Vous préféreriez passer un, deux, trois jours ou plus au repos ». Et il ajoute : « mais là, vous ne pouvez pas oublier que vous êtes un pilote professionnel. C’est votre hobby et votre passion, mais c’est aussi votre métier, et il y a certains moments où il faut se forcer un peu pour grimper sur la moto. Il y a des moments où il faut se forcer un peu, ne pas attendre que la peur passe, mais forcer le temps pour qu’elle s’évanouisse. »

Ces moments surviennent à des instants précis que Marc Marquez décrit. Et c’est comme un message à Honda, comme un signalement qui interpelle sur la RC213V… « Lorsque vous avez un mauvais pressentiment avec la moto, la peur devient plus forte et c’est là que les choses ne vont pas bien » a expliqué Marquez.  « Les accidents vous font parfois vous sentir bien et ils arrivent parce que cela fait partie du jeu et cela n’arrive pas à cause de la moto, mais parce que vous avez fait une erreur et que la moto a réagi. Mais quand tu tombes parce que la moto t’a trahi ou que tu sens que les choses ne fonctionnent pas, la peur se fait davantage ressentir ».

Jorge Lorenzo, à présent retraité, approfondit la question à sa façon : « je fais partie des braves, de ceux qui n’avaient pas peur d’exprimer ce que je ressentais, depuis 2008. Quand j’avais peur je le disais. J’ai eu ces chutes en Chine, au Mans, ou à Montmeló, où je me suis cogné la tête, j’ai même dit que j’avais peur de faire de la moto, puis petit à petit je m’en suis remis. J’ai été le premier à l’admettre », se souvient l’Espagnol.

« Ma vie n’aurait aucun sens sans la moto, sans une relation avec le motocyclisme« 

Il termine dans ce reportage de DAZN : « vous devez toujours être conscient du risque que comporte ce sport, car parfois, vous ne le voyez pas, car vous êtes très protégé ou avez beaucoup de contrôle avec la moto et vous le faites depuis que vous êtes petit… Mais vous êtes aussi conscient que, si quelque chose ne va pas, ou si vous avez de la malchance, vous pouvez avoir un handicap physique à vie ou même perdre la vie ». Une issue fatale hélas vécue à trois occasions cette saison.

Mais revenons à Marc Marquez : ces confidences sur les mauvais côtés de son métier seraient-elles des éléments précurseurs à une réflexion plus profonde sur une fin de carrière ? L’octuple Champion du Monde rassure aussitôt : « ce que l’on ressent sur une moto, on ne le ressent que rarement, voire jamais, dans la vie normale, du moins personnellement. Ce sentiment de liberté est inégalé, même s’il y a une composante de gestion des risques qui rend le tout encore plus riche en adrénaline. La moto fait partie de ma vie et ma vie n’aurait aucun sens sans la moto, sans une relation avec le motocyclisme« .  On respire !

 

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