Marc Marquez est tenu éloigné depuis un peu plus de 200 jours de son milieu naturel qui est un Grand Prix MotoGP avec une Honda RC213V comme binôme. Une éternité dans cet espace-temps particulier de ce paddock où tout va vite, et pas seulement sur la piste. L’octuple Champion du Monde donne des signes de velléité de retour sur son réseau social, mais l’épreuve qu’il traverse est rude. Et pas seulement physiquement assure les spécialistes. On se souviendra que son frère Alex avait parlé en ce qui concerne son aîné d’une véritable agonie ressentie à se retrouver ainsi. Alors, certains se demandent si, en plus de passer entre les mains des médecins, Marc Marquez ne va pas devoir se faire suivre par un psy …
Le rôle du psy en MotoGP n’était que très peu connu voire considéré avant qu’Andrea Dovizioso n’explique son nouveau niveau de performance en 2017 sur la Ducati au travers de cette contribution. Récemment, Fabio Quartararo n’a pas caché son désir de s’en remettre à ce type de spécialiste pour gérer ses trop pleins d’émotions qui ont contribué à sa fin de saison 2020 décevante. Aujourd’hui, on applique à Marc Marquez la nécessité d’en passer par là, afin de gérer comme il se doit sa sortie du repos forcé par une blessure à l’humérus, opéré à trois occasions.
D’Italie, le psychologue du sport Alberto Cei donne ainsi le conseil à Marc Marquez de se faire assister par un professionnel pour surmonter ce moment difficile. Les médecins et les kinésithérapeutes ne suffisent plus. Un suivi mental doit suivre selon ce professeur, psychologue de nombreux sportifs de haut niveau, dont des athlètes olympiques, et professeur à l’université de Tor Vergata et à l’université télématique de San Raffaele.
Marc Marquez : de l’invincibilité à la fragilité
L’évaluation du Dr Cei mérite que l’on s’y attarde. Avant cette blessure, Marc Marquez était habitué à se sentir presque invulnérable malgré les nombreux accidents qu’il a subis. « J’ai toujours été frappé par la régularité de ses chutes : c’était comme s’il était normal qu’il tombe et de se remette immédiatement en selle », a-t-il expliqué aux micros du site Mowmag. « Marquez accepte de chuter car la recherche de la limite, dans son style de pilotage, représente un avantage concurrentiel sur ses rivaux. Le fait donc qu’il soit et se sente comme un champion le porte à croire qu’il est presque à l’abri des blessures résultant d’une chute ».
Maintenant, que pour la première fois de sa carrière, il doit faire face aux graves conséquences physiques de sa chute, la situation mentale pourrait changer : « je pense qu’il avait besoin de comprendre qu’il était faillible et de ce bain d’humilité que cette grave blessure semble lui avoir apportée », dit Cei. « S’il est capable de faire face correctement à la situation, ce moment peut être un nouveau point de départ ».
Mais c’est précisément pour cette raison que Marquez devra être assisté d’un psychologue qui pourra l’aider à faire face aux émotions sans précédent auxquelles il doit faire face en ces mois d’inactivité. « S’il vient d’années d’humeurs positives données par ses victoires, le fait d’avoir vu une blessure insignifiante se transformer en quelque chose de plus grave peut conduire à une alternance de dépression, de colère et de peur de ne pas redevenir celui d’avant », conclut le psychologue. « C’est tout à fait normal. J’espère qu’il a déjà entamé un parcours psychologique et qu’il a des professionnels à ses côtés : le fait de ne pas vouloir être aidé, en fait, représenterait une fermeture mentale inutile ».
Le professeur, consultant auprès de divers sportifs, confirme qu’il faudra du temps à Marquez pour trouver la meilleure condition physique et aussi la conviction compétitive. Le retour à 100% d’un point de vue psycho-physique ne peut pas être immédiat après ce qui s’est passé en 2020, selon lui.