Marc Marquez, jusqu’à ce maudit mois de juillet 2020 à Jerez, alimentait la chronique pour ses exploits à répétition, ses réalisations et autres figures maitrisées sur sa fougueuse Honda RC213V. Il écrivait l’histoire en temps réel et toutes les statistiques attendaient d’être conquises par ce pilote dont on s’était persuadé de son invincibilité. Un sentiment qu’il a peut-être aussi nourri en son for intérieur, mais qui a fondu depuis. Nous voilà en 2022 et le même Marc Marquez est maintenant en tête de la chronique médicale, avec cette quatrième opération à l’humérus droit en moins de deux ans, quand ce n’est pas une diplopie qui vient de temps en temps aggraver encore son cas. Le sujet est aujourd’hui débattu et le retour de flamme semble se produire avec un paddock qui s’interroge enfin sur ce qui s’est passé à Jerez en 2020…
Et cette interrogation consiste à se demander comment un pilote opéré d’une fracture de l’humérus s’est retrouvé à tenter de participer à un Grand Prix MotoGP trois jours après être passé sur le billard. Elle revient lorsqu’il est demandé aux protagonistes du paddock leur sentiment sur le énième retour de Marc Marquez après une nouvelle chirurgie. Mais cette fois, ce sera la dernière tentative car Marc Marquez l’a dit lui-même : cette intervention faite aux Etats-Unis et dont il se remet aura été la dernière.
Un sujet sensible sur lequel a débattu Francesco Guidotti, à présent team manager au sein de l’équipe officielle KTM après des années passées dans l’antre Pramac Ducati. Il a aussi un frère Giacomo qui connait bien l’écurie Repsol Honda… L’Italien déclare dans des propos relevés sur motorionline : « au-delà de la blessure qui peut arriver au cours d’une carrière, Marc Marquez a commis une énorme erreur en voulant revenir trois jours après une opération aussi importante et une blessure aussi lourde. C’était son erreur et celle de ceux qui lui ont permis de se remettre en selle ».
« Marc Marquez et les médecins sont les deux parties qui ont la plus grande responsabilité pour tout ce qui en a résulté«
Il ajoute : « à mon avis, l’équipe a peu de responsabilité, ils lui ont peut-être conseillé de ne pas remonter sur la moto, mais quand on a affaire à un caractère et une personnalité forte comme ceux de Marc Marquez, avec le soutien et l’autorisation du médecin, on ne l’arrête pas. Si l’équipe a une part de responsabilité, elle est très limitée ». Dédouanant ainsi Alberto Puig, il porte le fer ailleurs : « il a fait l’erreur avec les médecins. Ce sont les deux parties qui ont la plus grande responsabilité pour tout ce qui en a résulté, la deuxième opération, le troisième et maintenant le quatrième ».
« A partir de la deuxième opération, là où il y a eu alors l’infection, le gros des problèmes s’est déchaîné. La deuxième opération a été rendue nécessaire après le forcing de vouloir se remettre sur les rails immédiatement. S’il avait été raisonnable après la première opération, il aurait très probablement évité toute l’épreuve qui s’ensuivit » assure-t-il. En donnant ainsi sa vision des choses, Guidotti ne semble pas croire une seule seconde que cette seconde intervention ait été provoquée par un accident domestique consécutif à l’ouverture d’une lourde fenêtre, comme cela a été officiellement annoncé.
Et maintenant ? Le même Guidotti ne peut cacher ses doutes : « j’espère vraiment qu’il reviendra, mais je doute qu’il soit aussi fort qu’avant. Ces opérations laisseront certainement des traces sur le plan physique, tandis que sur le plan mental, il reviendra à 100% de force et de détermination. Cependant, je doute fortement qu’il soit capable de rouler aussi impétueusement qu’avant. J’espère me tromper mais je pense que ça va être difficile de revenir à ce que c’était avant » termine-t-il.