Le Champion du Monde WSBK en titre et officiel Ducati Alvaro Bautista domine pour ainsi dire outrageusement l’actuelle saison du mondial Superbike, au point qu’elle en devient une promenade de santé l’amenant à la confirmation de son règne et de son statut de n°1 pour 2024. Serein, il peut comparer son actuelle situation à celle qu’il a vécue lors d’une autre partie de sa carrière en MotoGP. Un réflexion intéressante sur les motos satellites et usines de l’époque tandis que sur la question de l’avenir de la relation entre Marc Marquez et Honda, il a un avis bien tranché.
Alvaro Bautista s’est exprimé dans les colonnes de GPOne sur son championnat et aussi sur son ancienne vie de pilote MotoGP. Il explique d’abord comment il a pu à ce point relancer sa carrière dans la catégorie réservée aux motos issues de la série, alors qu’il n’était qu’un figurant en Grand Prix, à la limite de l’espoir déçu : « en MotoGP, presque tous les meilleurs pilotes pilotent une Ducati, alors que dans mon championnat, la seule Ducati qui roule devant est la mienne. Les autres ont de bons moments, mais aucune des autres Ducati ne parvient à se battre pour la victoire ». Ce constat fait, il dit : « la clé en Superbike c’est la combinaison moto-pilote-équipe. C’est une Ducati dérivée du concept MotoGP et conçue par Gigi Dall’Igna, donc pour mon style, qui vient du MotoGP. Elle me va très bien, et la moto me permet de rouler de manière très naturelle. Quand j’étais chez Honda, je roulais de la même façon, mais on ne s’entendait pas… ».
Alvaro Bautista : « maintenant, le MotoGP est plus ouvert, les motos satellites gagnent et il n’y a plus tous ces noms qui étaient toujours devant »
Mais alors, pourquoi n’a-t-il pas percé en MotoGP ? Parce qu’il s’agissait d’une autre époque, que Pecco Bagnaia a décrit dans une intervention qui aurait été reprise « hors-contexte ». Mais cette fois, avec Bautista, on est bien dans le cœur du sujet : « c’est l’époque qui m’a touché : j’étais sur une moto satellite et il y avait plus de différence avec les motos d’usine. Et puis j’ai couru avec Rossi, Lorenzo, Marquez, Stoner, Pedrosa, Dovizioso… En 2012 j’ai terminé cinquième et en 2013 sixième avec une moto satellite. C’était un mérite. Il y avait tous ces grands noms devant. Maintenant, le MotoGP est plus ouvert, les motos satellites gagnent et il n’y a plus tous ces noms qui étaient toujours devant ».
« J’ai toujours dû me contenter de motos satellites, car je n’ai jamais fait partie d’une équipe d’usine. Je n’ai pas pu montrer tout ce dont j’étais capable. Je sens que j’aurais pu donner plus. Maintenant, je donne le meilleur de moi-même. Maintenant, je suis vraiment moi-même » ajoute le pilote de 38 ans qui suit de près l’actualité de son ancienne catégorie, et notamment celle d’un Marc Marquez qui ne peut plus faire seule la différence sur une Honda loin du compte.
Le Champion du Monde Superbike analyse aussi la situation de l’octuple titré : « Marc Marquez a le potentiel pour redevenir champion, mais ce n’est pas seulement le facteur physique qui compte, il y a d’autres choses. Je serais très surpris s’il remportait le championnat cette année. Je ne parierais pas sur lui, mais pas parce que je ne crois pas en lui, mais à cause du niveau technique que nous avons aujourd’hui : aujourd’hui le talent d’un pilote est moins apprécié qu’il y a quelques années. Maintenant, Marquez ne peut pas montrer tout son talent. Il doit trouver son rythme et s’installer psychologiquement, car ce furent des années folles, avec beaucoup d’interruptions et d’opérations ».
Et il conclut au sujet de l’avenir du phénomène de Cervera avec Honda : « je lui dirais simplement de faire ce qu’il pense être le mieux pour lui. Mais dans ce monde, il faut être égoïste et penser à soi ».