L’évolution aérodynamique des MotoGP et son impact sur le spectacle en piste est un sujet qui fait florès dans le paddock et auquel Marc Marquez a apporté sa voix dans les coulisses du Mugello, qui reçoit ce week-end le Grand Prix d’Italie. Un thème sensible car il peut aussi être interprété comme une cabale contre Ducati, organisée par ses adversaires incapable de suivre le niveau technique des hommes de Borgo Panigale, et qui exigent avec ses bonnes intention l’enfer d’un nivellement pas le bas, d’une redistribution des cartes qui ferait oublier leur médiocrité. Cependant, l’octuple Champion du Monde a l’objectivité de ne pas sombrer dans le tout ou rien, au contraire de KTM qui, par la voix de Pit Beirer a clairement dit ne plus vouloir d’ailerons…
On rappellera, au passage, que l’on parle ici de machines prototypes et il ne devrait donc pas choquer d’y voir dessus des éléments que la moto de série n’aura jamais. Du genre la boite seamless ou encore les freins en carbone, qui ont fait moins de polémique au sujet de leur utilité pour la machine proposée dans les concessions lors de leur apparition que les ailerons… Et puis, pour ceux du paddock des Grands Prix qui veulent une corrélation évidente entre la moto de course et celle du motard lambda, il faut rappeler qu’il y a le WSBK, un Superbike qui met en exergue la moto de série.
Cela étant dit, on est aussi dans un contexte économique où il ne faudrait pas trop titiller les conseils d’administration pour des budgets en recherches et développements pour des MotoGP. On a vu ce que cela a donné avec Suzuki. Mais les acteurs en sont conscients. Au point qu’ils ont déjà inscrit l’arrêt de la course à l’armement dans le marbre en mentionnant dans son interdiction à venir du FRHD de Ducati que l’on ne voulait plus « de nouvelles améliorations des performances et des augmentations des coûts de développement » …
Marc Marquez : « il faut tout évaluer pour arriver à un compromis de sécurité et voir quelle direction prendre«
Il faut donc épurer et accessoirement alléger l’arsenal Ducati. On ne le dit pas aussi ouvertement en mettant en avant un déficit en spectacle dû à des dépassements de plus en plus compliqués à faire. Une contradiction de plus alors que, dans le même temps, on nous présente une catégorie dont le niveau n’a jamais été aussi élevé avec une compétition que l’on n’a jamais vue autant disputée. Mais dans le même temps, on s’y ennuierait. Celui de derrière ne pourrait plus avaler celui de devant, non pas parce qu’il est un pilote au moins aussi bon ou parce que sa machine est à peu prés égale. Mais parce qu’il a des ailerons. Chez Honda ou KTM on semble si certain de soi que l’on n’explique pas autrement le fait que l’on reste au fond du peloton. Deux marques qui ont pourtant dans leurs rangs les deux pilotes qui dépassent le plus : Marc Marquez et Brad Binder. Alors quoi ?
Cependant, il faut en parler et Marc Marquez a l’intelligence d’offrir sur Todocircuito une argumentation détaillée et équilibrée. Pendant que Pit Beirer veut castrer les carénages, l’octuple Champion du Monde rappelle certaines réalités. Pour le Catalan, la solution est de limiter – pas d’éliminer – des éléments comme l’aérodynamisme ou le holeshot, en essayant de trouver un équilibre qui n’empêche pas les courses de groupe et les dépassements à chaque tour : « il faut de l’aérodynamisme, bien sûr qu’il faut de l’aérodynamisme car nous roulons à 350 km/h et il en faut un minimum. Le correcteur d’assiette arrière s’impose, car il aide un peu, mais il faut voir, tout évaluer, pour arriver à un compromis de sécurité et voir quelle direction prendre, que ce soient des prototypes complets ou plus limités ». Marc Marquez vient de poser le débat sur une base solide car il a cette inquiétude : « on va dans le sens où la moto est de plus en plus importante et non le pilote ».