On connait le caractère et la détermination d’un Marc Marquez qui avoue volontiers qu’il n’est pas facile à vivre dans son métier. C’est souvent le cas dans n’importe quel milieu professionnel avec celles et ceux qui sacrifient tout pour réussir dans leur activité. A tout le moins, il est exigé de leur part à leur environnement le même niveau de dévouement que leur sens aiguë du sacrifice. Dans le cas d’un sportif de haut niveau évoluant dans une discipline à risque, cela passe par la domination non seulement des adversaires, mais aussi, et surtout, de son équipier. Un rappel que l’Espagnol fait et qui détonne avec le discours de la nouvelle génération autour de l’entente cordiale dans le box pour l’intérêt général de l’employeur…
Une posture validée chez Ducati et actuellement martelée par le Champion du Monde en titre Pecco Bagnaia depuis l’arrivée à ses côtés du redoutable et ambitieux Enea Bastianini. Ce dernier a compris le message et le rassure à chaque occasion sur la politique d’un développement technique commun de la Desmosedici. Pour savoir qui aura le pas sur l’autre, parce que ça reste tout de même l’idée maitresse, la piste décidera…
Une sectorisation des sentiments et des attitudes qui n’a jamais été envisagée par Marc Marquez. Il l’avoue et se montre clair, en se souvenant des misères qu’il a faites à son voisin d’alors chez Honda, soit Dani Pedrosa. Un aveu qui serait aussi à prendre en compte pour expliquer l’actuelle pauvre situation technique au HRC… L’octuple Champion du Monde commente ainsi dans son documentaire Marc Marquez All In : « Dani et moi nous entendons très bien maintenant, et c’est une personne formidable. Mais les deux premières années, il y avait des tensions. Il était le roi, numéro 1, et les gens écoutaient ce qu’il disait dans le box. Tout le monde attendait quelque chose de lui. L’équipe était concentrée sur lui ».
Marc Marquez : « si une pièce fonctionnait pour Pedrosa, je disais que je n’aimais pas ça… Je ne voulais pas qu’il l’ait«
Une situation qui ne pouvait évidemment pas durer… A tel point qu’il admet être allé jusqu’à émettre de faux commentaires pour détruire la moto de Dani Pedrosa… « Nous avions une moto fantastique à l’époque et tout fonctionnait bien » dit-il. « Donc si une pièce fonctionnait pour lui, je disais que je n’aimais pas ça… Je ne voulais pas qu’il l’ait… C’est un truc que tout le monde fait. Les gens n’en parlent pas ». Et on se souviendra que, depuis, la RC213V n’a fait que décliner, jusqu’à devenir ce qu’elle est aujourd’hui tandis que Dani Pedrosa est pour beaucoup dans ce qui aura été, depuis son installation comme pilote test KTM, la révélation du projet RC16 en MotoGP…
Marc Marquez poursuit : « je n’ai jamais été un bon coéquipier. Tu dois rendre la vie de ton coéquipier impossible ». Ne penser qu’à soi est donc la recette du succès, quitte à aussi tromper son employeur dans ses évaluations techniques pour arriver à ses fins… L’homme de Cervera rappelle aussi qu’à un moment, la relation avec Dani Pedrosa s’est apaisée : « au bout d’un moment, je pense qu’on apprend à accepter la situation, non ? Ça finira par m’arriver aussi ».
Un moment qu’il évalue ainsi : « c’est la loi de la vie : il viendra un moment où un coéquipier plus jeune vous battra. Dans le football, tu es d’abord premier choix et après tu es sur le banc. Ça arrive, c’est le côté dur du sport. Mon travail et mon objectif est de reporter ce moment le plus tard possible ». Et il fait référence à la saison 2023… « Évidemment, quand vous avez un coéquipier comme Joan Mir qui a gagné des courses et des titres en MotoGP et en Moto3, cela devient plus difficile ».
Oui mais depuis, la Honda n’avance pas en MotoGP et Marc Marquez n’arrive plus à la faire gagner seul. Acceptera-t-il maintenant, à 30 ans, de valider les choix de Joan Mir et d’Alex Rins qui rendraient la RC213V plus performante, au risque qu’ils le battent ?