Évidemment, après les déclarations toujours croustillantes du sympathique pilote britannique, l’affrontement virtuel entre Johann Zarco et Cal Crutchlow, par chronos interposés, était attendu avec une certaine impatience lors de ce Grand Prix de Malaisie.
Le pilote français n’avait pas hésité à se fixer lui-même des objectifs assez ambitieux, jugeant à l’emporte-pièce que si son niveau ne le plaçait pas dans le top 10, il n’avait plus sa place en MotoGP.
Débutant le week-end malaisien en 14e position, globalement le niveau qu’il avait atteint en Australie, Johann Zarco restait vendredi à une demi-seconde de son chef de file au sein du clan LCR Honda. Mais le lendemain, le huitième temps réalisé lors de la FP3 le pré-qualifiait définitivement pour la Q2, en en évinçant au passage le natif de Coventry.
Piqué au vif, Cal Crutchlow réagissait alors énergiquement en réalisant le meilleur temps de la Q1 avant de profiter de cet échauffement supplémentaire et de se qualifier en 5e position, une ligne devant un Johann Zarco de 2 dixièmes plus lent.
Bien que cet affrontement entre frères d’armes temporaires n’ait jamais été ouvertement verbalisé, il allait évidemment constituer un des points d’intérêt de la course qui s’est déroulée sur 20 tours ce matin. Or, il n’en a suffi que d’un seul, le premier, pour que le représentant de la perfide Albion se fasse déborder par le « bloody french » dès le premier virage, malgré un mauvais départ du Français arborant le numéro 5.
Dès lors, le fer de lance de Lucio Cecchinello n’avait d’autre choix que de cravacher sa monture pour tenter de recoller à la RC213V 2018 de son principal adversaire qui trônait indélicatement juste devant sa roue avant…
Mais après deux tours, le compatriote de Jeanne d’Arc parvenait à faire de Danilo Petrucci un bouclier entre son dosseret de selle et la prise d’air de la Honda numéro 35, pour se mettre à l’abri d’une éventuelle tentative inconsidérée de l’Anglais. Celui-ci, en délicatesse avec les productions de Clermont-Ferrand, finissait par chuter dans le virage 15 à six tours de l’arrivée, alors qu’il occupait la 12e place.
A défaut d’en tirer bénéfice, puisqu’il se fit lui-même harponner par un Joan Mir un peu trop optimiste 2 tours plus tard, Johann Zarco ressort assurément conforté de cette passe d’armes.
Pour Cal Crutchlow, une bataille était certes perdue, mais la revanche est déjà programmée dans 15 jours, à Valencia…
Cal Crutchlow : « Aujourd’hui, cela a été une course difficile. Nous sommes très déçus de ce résultat, une chute, lors du Grand Prix de Malaisie. Aujourd’hui, j’ai pris un très mauvais départ et dès le premier tour, je me suis retrouvé très loin dans le peloton. En fait, tout le problème a commencé par un très mauvais départ. A Phillip Island, j’ai fais un départ canon, la poussée était constante. Ici aussi, mes premiers mètres ont été les meilleurs de tout le peloton. Ça n’aurait pas pu être mieux. Mais quand j’ai voulu changer de vitesse, je n’avais plus de puissance. Cinq ou six pilotes m’ont tout de suite dépassé. Puis on m’a poussé dans les lents virages en S, puis deux ou trois autres motos sont passées à côté. J’étais onzième après le premier tour et dans le groupe qui se battait pour la 8e place. Mais ce n’est pas le but que j’avais. En fait, je voulais être dans le top 5. Mais pour ça, tu dois être avec ces gars dès le début. J’ai essayé de remonter mais j’avais un mauvais feeling avec les pneus aujourd’hui : je n’avais pas une bonne adhérence sur la piste ou avec notre réglage de moto.
Au cours du week-end, j’ai eu l’impression que nous avions progressé et que nous aurions pu faire un bon résultat aujourd’hui, mais après le mauvais départ, j’ai eu du mal à avoir le rythme des leaders. Concernant la chute, j’ai fait une petite erreur lors du freinage car j’essayais tout pour trouver de l’adhérence avec le pneu avant, et j’ai malheureusement bloqué l’avant. J’ai chuté dans le dernier virage parce que je ne pouvais pas freiner la moto. D’abord la roue arrière s’est bloquée, puis la roue avant s’est dérobée. Je n’avais pas chuté depuis Misano. C’était exactement la même chute qu’à Misano. Il faut mettre la moto un peu en travers pour pouvoir freiner. Hier, j’étais en mesure de faire beaucoup mieux sur cette piste. C’était probablement dû aux conditions d’adhérence. Je m’étais très bien senti hier en FP4 avec le pneu usé. Cette fois-ci, nos réglages étaient pour la course mais probablement pour une piste avec plus d’adhérence. Mais je n’avais aucune adhérence du tout dès le début. Le pneu avant ne pouvait pas être dirigé et il n’y avait pas de motricité à l’arrière.
Mais nous avons fait de bonnes dernières courses et nous attendons avec impatience la finale de la saison à Valence. Je ne me soucie plus des points, mais des victoires et des places sur le podium. J’ai arrêté de regarder la feuille de classement après la chute au Texas. Nous devons maintenant essayer d’être plus rapides à Valence et voir ensuite ce que nous pouvons faire pour 2020 ».
Classement Grand Prix de Malaisie MotoGP à Sepang :
Crédit classements et photo de couverture : MotoGP.com