Le MotoGP serait-il en train de connaître un changement de génération ? Il faut croire que le temps fait son œuvre dans le paddock. En 2018, Dani Pedrosa a raccroché son casque de pilote titulaire chez Honda pour mieux mettre le cuir de testeur en faveur de KTM. En 2019, Jorge Lorenzo a mis un terme à 18 ans de compétition et pense faire des essais pour Yamaha. On connait la situation du quadra Valentino Rossi qui éclairera sur son avenir au plus tard lors de son Grand Prix d’Italie. Et il y a aussi Cal Crutchlow, au corps à bout de souffle, et dont le départ fendrait le cœur de son patron Lucio Cecchinello…
Cal Crutchlow est un pilote aussi atypique que sa carrière est originale. Champion du Monde Supersport avec Yamaha, il a fait aussi du WSBK avec la marque avant qu’Hervé Poncharal au nez creux proverbial n’aille le chercher pour le mettre dans son team Tech3, alors tout autant dévoué à la cause d’Iwata.
C’était en 2011 et l’Anglais n’a quitté les Français qu’en 2013 pour un court passage comme pilote officiel Ducati en 2014. Depuis 2015, il roule sur Honda, avec un contrat HRC. Et il est donc payé par la firme de Tokyo. « L’engagement de Crutchlow est payé directement par le Japon », explique Cecchinello dans des déclarations recueillies par le média italien GPOne. Son départ poserait donc question au team LCR au sujet du recrutement d’un pilote qu’il devrait rémunérer…
Cal Crutchlow est important pour le travail de développement sur la Honda. Même si son palmarès ne compte que trois victoires, il y a aussi 19 podiums et il est celui qui a donné le 750e au constructeur en Grand Prix. Il est donc bien identifié par les Japonais, et au cas où ils l’oublieraient, le Britannique se rappelle à leur bon souvenir avec des déclarations claires et franches lorsque ça ne va pas…
Ainsi dernièrement lors des tests de Valence où Cal n’a pas apprécié de voir des ingénieurs quitter son box pour rejoindre celui de la nouvelle recrue Álex Márquez. Il y a eu aussi, dans la saison, des mots échangés avec Michelin. Une situation que Cecchinello assume : « parfois il a créé des problèmes diplomatiques avec Honda et Michelin ». Mais l’Italien tempère : « nous avons reçu les mêmes mises à jour techniques que Marc Márquez, mais plus tard. » Un délai logique lorsque l’on parle d’équipe satellite.
Enfin, avoir Cal Crutchlow, c’est aussi assumer un coût : « les chutes arrivent. Nous devons prévoir entre 600 000 et un million de dollars par an pour lui » termine le patron de la structure LCR qui tient pourtant à garder son phénomène le plus longtemps possible. Mais Cal Crutchlow a déjà prévenu que son prochain objectif sera d’avoir une vie normale pour profiter de son rôle de père, avec un corps reposé et entièrement valide. Qui le remplacerait en cas de départ ? La pige de trois Grands Prix effectués par Johann Zarco a laissé un bon sentiment. A-t-il été partagé par Honda ?