Luca Cadalora connait bien les rouages Yamaha et il a apporté son éclairage sur les événements qui ont jalonné le parcours de la marque durant cette première partie de saison. Une trajectoire particulière avec une conséquence majeure. La trajectoire est que la marque équipe à présent le leader du championnat pilotes soit Fabio Quartararo. Une emprise qui a eu pour conséquence de diluer son équipier Maverick Viñales qui s’est convaincu qu’il lui fallait changer d’air pour continuer sa carrière. Le vétéran italien et ancien coach de piste de Valentino Rossi donne son avis…
Luca Cadalora était discret mais efficace sur la piste et il a gardé cet effacement lié à un redoutable esprit d’analyse lorsqu’il a décidé de poursuivre sa vie dans le paddock à côté de la piste, et au service de Valentino Rossi. Aujourd’hui, il a pris encore plus de recul. Mais la passion et l’expertise tout comme l’expérience restent et l’Italien a donné son avis sur GPOne sur le riche sujet Yamaha. En effet, avec un pilote Fabio Quartararo qui s’affirme en leader et le départ prématuré d’un équipier Viñales qui devait assumer ce statut de premier de cordée, il y a de quoi causer.
Cadalora a bien sûr écouté les motivations de Viñales à propos de son départ annoncé pour la fin de cette année, adoubée par Yamaha. Et notamment ce passage d’une M1 faite à présent aux seules mensurations de Fabio Quartararo. L’Italien n’y croit pas et voit dans cet argument une mauvaise excuse : « sur l’aspect technique, je peux vous assurer que Yamaha apporte exactement le même soutien aux deux pilotes d’usine et je pense que peu de constructeurs ont ce niveau d’équité envers leurs pilotes d’usine et je sais ce que je dis ».
Alors, il faut chercher la raison ailleurs. Et Cadalora est clair. Il s’agit de l’humain et le transalpin rappelle sur GPOne qu’il y a eu des précédents dans l’histoire : « Viñales veut quitter Yamaha, c’est difficilement compréhensible comme décision, mais avoir un pilote comme Quartararo à vos côtés peut aussi vous faire faire quelque chose comme ça ». Un point de vue qui mérite que l’on s’y attarde : « en 1993, personne ne voulait devenir le coéquipier de Rainey. L’année avant lui, il y avait Kocinski et les résultats avaient été assez désastreux. Mais j’ai toujours aimé avoir un coéquipier fort, parce que cela vous fait grandir, vous rend plus fort. À mon avis, Valentino en 2016 avec Lorenzo était un couple qui les a vraiment fait grandir tous les deux. Pour une équipe la meilleure chose est d’avoir deux pilotes forts, mais parfois vous ne pouvez pas ».
Luca Cadalora : « l’argent n’est pas tout »
Viñales aura donc capitulé en rase campagne face à la pression des résultats affichés par son équipier Quartararo aux quatre victoires et cinq pole positions en neuf manches. Un pilote peut-il se remettre d’une telle gifle et de quelle manière ? On parle d’une option Aprilia. Là aussi, Cadalora prévient que rien ne sera facile pour l’Espagnol : « je ne pense pas que Viñales puisse bien s’entendre avec l’Aprilia. Il n’a utilisé que des MotoGP poussées par un 4 en ligne, passer au V4 après avoir couru pendant de nombreuses années avec ce type de moto n’est pas facile ».
Un écueil technique qui, selon lui, sera plus difficilement surmontable que la dépréciation économique e de son contrat, par rapport à son précédent chez Yamaha : « vous savez, l’argent n’est pas tout. Il est important que vous vous sentiez recherché par l’entreprise avec laquelle vous courez, mais pour les pilotes, il est beaucoup plus important d’avoir le bon environnement, les garanties techniques qui vous permettent d’exprimer votre talent. Il y a de nombreux aspects qui poussent un pilote à choisir une chose plutôt qu’une autre, mais l’argent n’est pas nécessairement l’aspect le plus important ». La trêve estivale est prononcée et la réflexion suit son cours. Tant chez Viñales que chez Yamaha qui doit travailler dans l’urgence à pourvoir le poste prochainement vacant.