Loris Reggiani est maintenant un homme des médias qui suit les Grands Prix, mais il a été avant ça un sacré pilote. Qui, par exemple, il y a trente ans, a fait gagner une Aprilia à Misano en 250cc. A l’époque, c’était tout sauf courant. Huit victoires, 41 podiums en Grand Prix, ça vous pose un homme. Et ça permet de parler comme on veut et de dire ce que l’on pense. Ainsi, au sujet de la situation chez Ducati…
Une conjoncture chez les rouges à laquelle on ne s’attendait pas. Même à Borgo Panigale on est agréablement surpris de l’éclosion d’un Andrea Dovizioso dans les murs depuis 2013 et qui est au sommet de son art. On se dit même que s’il s’était ainsi montré un peu avant, on aurait fait de substantielles économies. En s’évitant de gros recrutements. Du genre Lorenzo. Le même Majorquin a conscience de ce qui se passe dans le box Ducati assure Reggiani qui connaît la chanson. Pour tout dire, se retrouver en 2018 à côté d’un équipier titré serait le pire des scénarios pour Por Fuera.
Le retraité transalpin explique dans les colonnes de « Il Corriere della Sera » : « la vérité est que la dernière chose que Lorenzo veut c’est de voir Dovizioso Champion du Monde. S’il gagne alors qu’il touche dix fois moins, alors à quoi servirait-il ? Et je ne crois pas qu’il sera aussi bon que Dovi sur la Ducati, même en connaissant tous les circuits ».
Voilà qui est lâché. Reggiani parle aussi de la métamorphose de son compatriote : « Andrea a toujours eu de grandes qualités humaines, mais jusque-là moins de compétences techniques. Je n’imaginais pas qu’il pourrait arriver au niveau auquel il est aujourd’hui. Il a toujours été rapide, mais ce n’est pas un talent naturel, alors il a toujours compensé avec l’intelligence. Avant, il avait le défaut de partir battu face à ceux qu’il estimait plus forts ».
On voit en effet cette saison que les choses ont bien changé. Le catalyseur ? Lorenzo bien sûr : « il a mûri et l’arrivée de Lorenzo a joué. Il a vu qu’un pilote aussi fort que ça pouvait être plus lent que lui. Andrea a maintenant confiance en lui. Il a le potentiel d’un Champion du Monde et il peut se battre contre un Márquez ». Ce dernier est d’ailleurs le premier à le reconnaître depuis l’Autriche…