Pour KTM, le Qatar est-il seulement un passage à vide imposé par le calendrier ou le révélateur d’un problème plus profond qui doit inquiéter pour le reste de la saison ? Si l’on écoute l’expertise de Miguel Oliveira sur ses malheurs à Losail, on n’est pas forcément rassuré sur la réponse à donner…
Incontestablement, le dernier Grand Prix du Qatar a été une douche froide en plein désert pour une famille KTM qui, de l’intersaison à cette première échéance de la saison, a vécu avec le sentiment décourageant de construire sur du sable. Il n’y a apparemment rien à faire sur cette RC16 pour se faire un ami du tracé de Losail.
Cela tombe mal, puisque ce week-end, un Grand Prix de Doha se déroulera au même endroit. Les troupes orange mangent-elles leur pain noir avant de revoir la vie en rose lorsqu’elles retrouveront l’Europe et, par exemple, Portimao ? Il faut l’espérer. Mais l’évaluation faite par Miguel Oliveira inquiète. Elle laisse entendre en effet que KTM serait la victime de la nouvelle allocation de pneus Michelin. Les Autrichiens auraient-ils pris la place de Ducati ?
Il est encore trop tôt pour aller en ce sens. Mais les propos du double vainqueur de Grand Prix avec Tech3 interpellent : « nous n’avons pas pu finir plus fort à cause du pneu avant », a déclaré Oliveira, qui n’était cependant qu’à 11,4s du vainqueur de la course, Maverick Vinales. « Nous avons perdu pas mal d’adhérence avant la mi-course et cela a compromis nos performances. Je n’arrêtais pas de perdre du temps pour éviter une chute ». Un constat fait qui amène à étudier les causes : « nous sentons que notre moto est forte mais nous ne pouvons pas être compétitifs sur la distance de la course avec ce type de pneu ».
Une identification qui mérite précision, et c’est là que le Portugais inquiète : « pour être honnête, c’est vraiment décevant parce que l’allocation ici est choisie par élimination et non par choix. Ce n’est pas notre libre choix d’utiliser un pneu tendre, nous l’utilisons parce que nous ne pouvons pas en utiliser un autre. La combinaison entre la carcasse et la gomme du Medium n’est tout simplement pas bonne, et nous l’avons communiqué dès le premier jour des essais ici, et en fait personne ne l’utilise ».
Oliveira : « six mois de développement avec un pneu retiré de l’allocation »
« Donc nous utilisons le Hard quand il fait chaud dans les sessions de jour et quand nous le faisons, nous sommes compétitifs. Comme vous pouvez le comprendre, nous pensons que nous devrions avoir différentes options disponibles de la part du fabricant de pneus, et qui fonctionnent réellement, notamment après toutes les années d’expérience qu’ils ont » ajoute Oliveira sur crash.net.
« C’est tout le contraire. Nous ne pouvons pas passer du temps pendant six mois à développer une moto pour un certain type de pneu et ensuite juste avoir ce pneu retiré de l’allocation. Nous pensons que le résultat du Qatar n’est en rien le reflet d’un problème de moto » termine l’équipier de Brad Binder.
Le directeur de course de Red Bull KTM, Mike Leitner, a un discours moins polémique : « nous savions que ce serait un début de saison difficile pour nous ici, mais le début de la course a été fort et nous étions en plein milieu du groupe. Nous avons souffert dans le dernier tiers de la course et nous avons perdu des temps au tour, donc nous devons travailler là-dessus. Ce n’est pas un désastre. Nous sommes 11 secondes derrière le vainqueur. Mais cette catégorie est très serrée et nous devons trouver ces secondes ». Il termine : « nous devons intensifier nos efforts maintenant et aider les garçons à être plus rapides ». Même avec des pneus qui ne vont pas à la RC16.