Livio Suppo a été aux responsabilités dans les box Ducati, avec un titre à la clé, Repsol Honda, avec une couronne conquise, puis, après une parenthèse, il est revenu dans le paddock pour vivre la dernière année du projet Suzuki, abandonné par ses patrons en rase campagne. Il connait donc le milieu et Marc Marquez ne lui est pas plus étranger que la Maison Honda. Son point de vue sur la fin d’une relation d’un peu plus de 10 ans entre le pilote hors norme et un premier constructeur mondial était donc intéressant à connaitre. Et le voici.
Livio Suppo a ainsi donné son avis sur cette séparation entre Marc Marquez et Honda, une bombe dont l’effet de souffle est ressenti par tous le paddock MotoGP. Comment interpréter cet événement encore jamais connu dans l’histoire contemporaine des Grands Prix qui voit le pilote le plus titré du plateau quitter l’écurie au palmarès le plus fourni, le tout pour abandonner un statut enviable d’officiel et se retrouver pilote d’une écurie satellite… Mais avec l’arme la plus puissante du moment dans son box : une Ducati ?
Suppo aborde la conjoncture de cette façon sur GPOne : « du point de vue de Marc Marquez, je ne suis pas surpris par ce choix qui peut être vu de deux manières, selon que l’on soit son fan ou son détracteur » commence l’Italien. « Cela peut être vu comme courageux car il abandonne une moto officielle et part sur une satellite d’un an juste pour s’amuser à nouveau. Mais d’un autre côté on peut penser qu’il n’est pas reconnaissant envers un constructeur qui l’a fait gagner autant. Cela dépend vraiment de ce que vous aimez ou n’aimez pas le personnage ».
Pour Livio Suppo, le sentiment est le suivant : « objectivement, Marc a essayé, il a tout donné, il a beaucoup chuté et il avait probablement atteint un point où il voulait à nouveau être compétitif, aussi parce que les années passent. Je comprends ».
Livio Suppo : « quand les Japonais sont sous pression, ils gèrent mal la situation »
Puis il fait parler son expérience : « dans le communiqué il est écrit qu’ils sont parvenus à un accord consensuel, cela peut aussi vouloir dire qu’ils ont trouvé un accord économique. Je pense que si un pilote ne veut plus rouler avec votre moto, cela ne sert à rien de le retenir car vous vous faites du mal à tous les deux. Un Marc Marquez qui n’y croit pas est mauvais pour l’image de Honda. Quand les Japonais sont sous pression, ils gèrent mal la situation. Peut-être qu’au final c’est mieux pour eux ainsi car ils pourront essayer de faire grandir la moto avec moins de tension médiatique et donc travailler plus sereinement ».
Maintenant, cela va forcément créer un nouvel équilibre sur la grille de départ, dont les conséquences sont encore à déterminer. Livio Suppo tente néanmoins cette projection : « le fait est que si certains se plaignent déjà de la puissance excessive de Ducati, l’année prochaine, elle pourrait être supérieure ». Cependant de cette uniformité Ducati ne naitra pas l’ennui : « les fans seront certainement heureux de savoir si les pilotes les plus forts aujourd’hui sur la Desmosedici le sont vraiment ou s’ils seront battus par Marc. C’est quelque chose qui va accroître l’intérêt pour le championnat ».
Reste que la concurrence sera sans doute le dégât collatéral de cette nouvelle norme : « d’un point de vue plus global, cela met les autres constructeurs dans une position difficile pour rester dans le top 10. Si l’on pense à 8 Ducati, 2 ou 3 KTM, l’Aprilia qui est très forte… Sur certains circuits, l’année prochaine Quartararo risquera de ne pas pouvoir marquer de points, alors qu’il jouait le Championnat du Monde la saison dernière ». Et il termine : « si j’étais l’organisateur je serais inquiet, la balance a trop basculé d’un côté ».