Jack Miller est donc arrivé à une étape de sa carrière. Le voilà pilote officiel dans un team usine. Pris directement de la Moto3 par Honda, cette concrétisation aurait logiquement dû se faire sous l’auvent frappé du trigramme HRC. Mais la gestion des pilotes à Tokyo peut parfois se révéler aussi opaque qu’à Borgo Panigale. C’est justement chez Ducati que l’Australien prend ses quartiers, au terme d’un parcours qui n’a pas été aussi simple, et pas seulement sur la piste. Livio Suppo se souvient ainsi d’avoir sauvé le jeune Miller de sa propension à l’intempérance…
Livio Suppo en a décidément à partager des souvenirs dans le paddock. L’ancien de Ducati et de Honda a vécu les duels passionnés entre Marquez et Rossi, a suivi le parcours de Stoner, mais a aussi bordé le chemin d’un jeune Jack Miller qu’il a fallu discipliner. Une véritable éducation, puisque les enjeux dépassaient ceux de la piste… L’Italien se souvient ainsi : « il est vrai que Jack a été puni pour avoir exagéré avec l’alcool. Il est le seul pilote que je n’ai jamais puni de toute ma carrière, en 22 ans je ne l’ai jamais fait. Mais Jack était un récidiviste ».
Suppo précise : « je lui ai donné cette punition, c’était une somme importante, et je lui ai expliqué : « Je souhaite, et je vous parle comme un père, que la prochaine fois vous vous souviendrez à quel point c’était cher la dernière fois’. Je l’ai fait pour lui, pour son avenir. Parce qu’il avait un talent à utiliser, mais il avait la tête chaude. Il s’est souvenu de toutes sortes de choses lors de la fête du dimanche soir, ainsi que dans le paddock du vendredi. Il devait comprendre qu’il risquait de gaspiller son talent. Je suis content de lui avoir infligé cette amende ».
Alberto Puig et Aki Ajo ont aussi joué un rôle
L’Australien a aussi eu deux autres mentors. Livio Suppo les mentionne : « Alberto Puig était consultant HRC, ils l’avaient embauché comme entraîneur, mais si je me souviens bien, il était déjà assez rapide. Le changement que Jack a subi est dû à lui et à son manager Aki Ajo, qui ont réussi à faire mûrir un jeune homme qui aurait pu entrer un peu trop vite en MotoGP, où vous pouvez gagner des sommes qui peuvent vous faire perdre la tête à cet âge ».
Un investissement qui profité maintenant à Ducati… « Jack a eu le sentiment que la confiance et l’appréciation envers lui n’étaient plus aussi grandes chez Honda, et c’est crucial pour un pilote. Ducati lui a montré exactement cela. On avait beaucoup investi sur lui, on voyait qu’il avait du potentiel, et on savait que techniquement qu’il n’avait pas toujours trouvé les meilleures conditions … Ça aurait été le bon moment pour continuer à y croire. Cela m’a mis en colère parce que c’était comme vendre des actions dont la valeur augmentait et perdre de l’argent dans le processus »
Suppo termine sur GPOne sur la promotion de Miller dans l’équipe d’usine Ducati : « je suis juste content pour lui car il a réalisé son rêve. Il est au bon endroit pour gagner des courses », estime l’Italien de 54 ans.