Après être revenu sur les saisons 2002 et 2003 de Valentino
Rossi, continuons notre tour d’horizon des années dominées par «
The Doctor ». Nous sommes fin 2004 et Rossi semble plus
inarrêtable que jamais.
Certains pensaient que le changement de machine allait lui mettre
des bâtons dans les roues. Sur le papier, le challenge était tout
sauf aisé. Yamaha peinait au milieu de grille, attendant
désespérément un sauveur. Dès la première course tout
suspens est mort. Sur l’asphalte brûlant de Welkom en
Afrique du Sud, Rossi bat son rival Max Biaggi, son ancien
employeur Honda et envoie un message au monde du MotoGP. La
YZR-M1 est de retour au sommet.
Deux quatrièmes places en Espagne puis en France n’étaient qu’une
illusion. Le natif d’Urbino maîtrise la concurrence et tue le
championnat avec neuf victoires en seize courses, sans compter les
cinq pole positions. Force est de constater qu’une classe
le sépare de la concurrence. En janvier 2005, tout le
monde sait qui sera titré à la fin de l’année, sauf problème majeur
bien entendu.
La saison commence fort. Jerez accueille la
première manche du championnat et comme d’habitude, le tracé andalous ne déçoit pas.
Âpre bataille entre lui-même et son rival Sete Gibernau, pilote
Gresini Honda éclate. Impossible de les départager à l’entame du
dernier tour.
Il faudra attendre l’ultime virage pour connaître le dénouement.
Distancé, Rossi plonge à l’intérieur dans cette fameuse épingle à
gauche déterminante. Gibernau est surpris et n’a pas d’autres choix
que d’esquiver le contact en relevant la machine :
L’affaire se solde par une chute pour la RC211V
n°15.
Cette affaire fut particulièrement retentissante et n’aida pas
Rossi à se faire aimer de ses détracteurs. Le dépassement plus que
musclé fut qualifié d’anti-sportif pour certains, de réglementaire
par d’autres. L’attitude de « Vale » à la fin de la
course ne facilita pas sa défense, même par ses fans les plus
invétérés.
Après une première victoire controversée vient Estoril. Ce circuit
particulier vit un Alex Barros vétéran s’imposer depuis la pole
position. Ceci marqua la fin d’une ère : Ce fut la dernière
victoire du brésilien en MotoGP. « Valentinik », jamais loin, le
félicita depuis la deuxième place.
Petit à petit, Rossi fait son nid. Pour la toute
première fois de l’histoire, le championnat du monde pose ses
valises en Chine le temps d’un week-end. À Shanghai plus
précisément. Ce tracé dessiné par Hermann Tilke pour la
F1 est particulier et impressionnant à la fois, mais ne le trouble
pas pour autant. Il s’adjuge une nouvelle
victoire.
Ceci marque le début de la suprématie à la sauce 2005. Il gagne
les quatre courses suivantes de la plus incroyable des manières,
tout en réalisant trois pole positions. Dans cette série de cinq
victoires se trouve la marche en avant sur le Mugello, terre mère de « The
Doctor » : Une victoire au finish devant Max Biaggi, Loris
Capirossi et Marco Melandri. L’occasion de rappeler qui est le roi
d’Italie.
Les États-Unis sont de retour au programme ! Yamaha arbore une
décoration spéciale évoquant l’époque Kenny Roberts pour
l’occasion. Sur le court tracé de Laguna Seca, tout ne
se passe pas comme prévu. Nicky Hayden, devant son
public, remporte la première de ses trois victoires en
carrière devant son compatriote texan Colin Edwards.
« Vale » clôt le podium.
Ce podium est suivi de trois nouvelles victoires majeures qui ne
laissent plus de doute pour le championnat. À Motegi, Valentino
peine et essaye en vain de dépasser Marco Melandri : Les deux
partent à la faute. Si Rossi se relève instantanément, c’est pour
courir vers son compatriote blessé évacué sur civière. Pas
la fin de championnat rêvé. Une deuxième place en Malaisie
offre, à quatre courses de la fin, le titre à l’italien.
La fin de saison est gérée sans mal avec deux victoires et deux
podiums. À cet instant, Rossi est réellement seul au monde. Mis à
part cet excès de confiance à Motegi, il ne connut que des podiums
tout au long de l’année. Les statistiques sont justes folles :
11 victoires en 17 courses, 16 podiums, 5 pole, 6 meilleurs
tours en course et 367 points (soit 21,6 points par course de
moyenne).
Melandri, deuxième du championnat, compte 147 points de retard.
Tout simplement assourdissant. Rossi au début des années 2000,
c’est une force absolument incontrôlable. Un
raz-de-marée qui fond sur vous. Si vous arrivez à tenir sa vitesse
sur une course, vous ne pourrez pas sur dix-sept et ce peu
importe la marque de la moto.