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Suzuki

Jerez de la Frontera, avril 2022. En débutant la tournée européenne, qui commence au Grand Prix d’Espagne, en Andalousie, seule l’équipe dirigeante du team Suzuki Ecstar prend connaissance de la terrible nouvelle : le Comité Directeur de Suzuki Motor Corporation, dirigé depuis 2015 par Toshihiro Suzuki, fils de Osamu Suzuki, vient de décider d’arrêter le programme MotoGP à la fin de la saison 2022 !

La nouvelle ne tarde pas à fuiter mais n’est accompagnée d’aucune explication, ni même d’une confirmation officielle de la société japonaise, laissant les pilotes, le team, les passionnés et même la DORNA dans l’expectative, et il faut attendre le 12 mai pour qu’un communiqué officiel indique que « Suzuki Motor Corporation est en discussion avec DORNA concernant la possibilité de mettre fin à sa participation au MotoGP à la fin de l’année 2022.
Malheureusement, la situation économique actuelle et la nécessité de concentrer ses efforts sur les grands changements auxquels le monde de l’automobile est confronté ces dernières années, obligent Suzuki à transférer ses coûts et ses ressources humaines vers le développement de nouvelles technologies.
Nous tenons à exprimer notre plus profonde gratitude à notre équipe Suzuki Ecstar, à tous ceux qui ont soutenu les activités de Suzuki dans le domaine de la compétition moto pendant de nombreuses années et à tous les fans de Suzuki qui nous ont apporté leur soutien enthousiaste. »

Tout le monde comprend alors que, même si les mots n’en évoquent que la possibilité, la tumultueuse mais glorieuse aventure des hommes d’Hamamatsu en Grand Prix est terminée. Quelques mois plus tard, en septembre, les plus optimistes voudront voir dans la venue de Toshihiro Suzuki à Misano un possible signe de retournement de situation, l’homme n’ayant jamais caché son intérêt pour le MotoGP jusque là…

 

 

Mais non, rien n’y fait, même pas les deux victoires des GSX-RR lors des trois derniers Grands Prix : les jeux sont faits, et un dernier coup de poignard sera donné aux fans de « Gixxer », la plupart de celles-ci étant destinées à la casse pour ne pas payer les taxes de réimportation au Japon !

 

 

Alors bien sûr, nous ne sommes pas dans les arcanes des décisionnaires de l’usine centenaire, et nous entendons parfaitement le discours expliquant que Suzuki doit viser la neutralité carbone et  besoin pour cela de toutes ses ressources, comme l’a encore récemment énoncé Nobuo Fujii, responsable du groupe marketing moto pour l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Océanie, à nos confrères de MCN : « L’une des raisons était de réinvestir dans la neutralité carbone. La neutralité carbone n’est pas seulement l’électrification. Pour le moment, Suzuki envisage différentes possibilités, en fonction de la cylindrée du moteur. »

Mais, pour le moment, il nous est d’autant plus difficile de comprendre le bienfondé de la décision d’arrêter le MotoGP que les comptes de la période janvier-octobre, publiés récemment par l’entreprise, montrent une augmentation de production de 13% et une augmentation des ventes de 8%. Cerise sur le gâteau, l’essentiel de ces chiffres sont réalisés à plus de 70 % en Inde, pays dont l’annonce d’accueillir un Grand Prix l’année prochaine a été officialisée en septembre. Une formidable opportunité ratée pour Suzuki !

Après coup, et au vu de cet éclairage, on peut donc légitimement se demander si Suzuki n’a pas tout simplement pêché par trop de prudence financière…

L’avenir le dira mais ce qui est certain, c’est que les 449 employés de l’usine de motos (de série et de compétition) d’Hamamatsu ne sont qu’une goutte d’eau dans le dispositif mondial de Suzuki Motor Corporation : avec les pièces de fonderie de l’usine d’Osuka, ces derniers produisent 99 000 motos au Japon contre 1 680 000 à l’extérieur, principalement en Inde.

 

 

Une goutte d’eau qui a déjà été l’occasion d’un tsunami pour le MotoGP, en espérant que sincèrement cela ne se transforme pas ultérieurement en naufrage pour toute l’activité moto crée par Michio Suzuki en 1952…

Seule nouvelle positive dans ce véritable gâchis, certaines des très compétitives GSX-RR ont échappé à la destruction et ont réintégré Hamamatsu, comme nous en fait part Takuya Tsuda, pilote d’essai Suzuki depuis 10 ans.

 

Crédit documents : Suzuki Motor Corporation

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