Chez Yamaha, on sait que la prochaine saison 2020 devra être celle des promesses enfin tenues. Il s’agira de s’ancrer à nouveau parmi les candidats à la victoire et donc s’affirmer comme un prétendant aux titres en jeu. Une ambition perdue de vue ces dernières saisons, un fil d’Ariane coupé qu’il faut maintenant retisser. Lin Jarvis, le chef des troupes d’Iwata sur le terrain donne son discours sur la méthode qui va permettre le retour au premier plan. Et ça passe par une autocritique…
Yamaha est tombé de son piédestal et n’a comme unique ambition que de redorer son blason. La marque d’Iwata y arrive en partie avec les victoires de Viñales tandis que la révélation Quartararo a permis de mettre en exergue les progrès accomplis. Cependant, les difficultés restantes d’un Valentino Rossi, qui a du mal à atteindre un podium dont il n’a plus gravi la première marche depuis des lustres montre qu’il reste encore à faire.
Un travail qui sera d’ordre technique mais aussi du domaine de l’organisation et des relations. Le directeur Lin Jarvis explique sur les ondes de Motosan : « plus que toute autre chose, c’est une attitude d’ouverture d’esprit, qui est le plus grand changement. » Sur cet élan, il analyse les erreurs passées : « en 2016, nous nous sommes engagés sur une voie qui a également abouti à des résultats. Solide au début de la saison 2017, Maverick a commencé fort et tout semblait bien aller. Mais alors que l’on poursuivait dans cette voie, nos concurrents se sont améliorés, travaillant dans différents domaines. Nous nous sommes perdus et c’est la réalité. »
Pour Lin Jarvis, la cause profonde du mal dont souffre Yamaha réside dans le fait qu’ils n’ont pas su travailler en équipe et rechercher le bien de tous les pilotes. « Si vous avez une entreprise, idéalement, vous devez unir les compétences de toutes les personnes et de tous les groupes impliqués, les rassembler et je pense que nous ne l’avons pas fait » .« Nous avions un groupe châssis travaillant sur le châssis, un groupe d’ingénieurs travaillant sur l’électronique, puis le groupe moteur, mais personne n’a vu la moto comme une unité, ni ne prenait en compte le groupe de test. On ne travaillait pas ensemble. Cela aurait dû être parce que nous avions des problèmes dans certains domaines qui, une fois résolus, en posaient ailleurs » regrette un Jarvis qui parle de redémarrage de la machine : « le redémarrage que nous avons effectué depuis l’hiver dernier nous a amenés à établir une relation plus ouverte entre nous et à résoudre les problèmes ».
« Nous avons toujours des problèmes, mais nous savons maintenant où nous avons commis des erreurs, nous devons trouver des solutions et nous avons besoin de tout le monde, c’est une approche complètement nouvelle de notre développement » se réjouit Jarvis. Cependant, la plupart des ingénieurs restent les mêmes. « Mais changer notre approche de gestion signifie que nous travaillons ensemble différemment à présent. La mentalité change. S’il y a un problème, nous pouvons trouver une solution. Si ce n’est pas interne, nous regardons vers l’extérieur. »
Les esprits évoluent donc chez Yamaha qui garde néanmoins son souci de déficit en vitesse de pointe. Par ailleurs, changer les mentalités n’apporte pas toutes les solutions. Ainsi, le constructeur japonais n’a toujours pas réussi à structurer un team test européen aussi efficace que celui de ses adversaires. Rendez-vous en 2020 pour constater les résultats de la révolution culturelle annoncée par Lin Jarvis.