L’annonce du départ de Lin Jarvis de Yamaha marque la fin d’une ère. Le Britannique, figure emblématique de la marque aux diapasons, a vécu des moments forts et des périodes plus difficiles. Son témoignage offre un éclairage précieux sur les coulisses du MotoGP et sur les défis auxquels sont confrontés les constructeurs.
Après une carrière marquée par des sommets notables, Lin Jarvis quitte Yamaha en 2024, laissant derrière lui une empreinte indélébile. Pilier du constructeur japonais depuis des décennies, Jarvis a été le témoin privilégié de l’ère dorée de Yamaha, marquée par les exploits de Valentino Rossi, Jorge Lorenzo, et Fabio Quartararo. Cependant, sa sortie coïncide avec une période de transition difficile, alors que Ducati et les constructeurs européens redéfinissent les standards du MotoGP.
Jarvis revient sur l’arrivée de Fabio Quartararo en MotoGP, un choix initialement piloté par l’équipe satellite Petronas en 2017. « C’était un geste audacieux, et ils n’avaient rien à perdre. Fabio a surpassé Morbidelli dès sa première année, ce qui a conduit à son transfert dans l’équipe d’usine. Nous avons dû déplacer Valentino Rossi, mais ce choix s’est avéré justifié, car Fabio a explosé dès sa première saison avec nous », se souvient Jarvis.
Quartararo a offert à Yamaha son dernier titre en 2021, un exploit qui, selon Jarvis, aurait dû être suivi de plus de succès. « J’espérais que nous gagnerions encore deux fois avec Fabio avant la fin de ma carrière. Atteindre dix titres aurait été un rêve. »
Lin Jarvis : « la vitesse de développement de Ducati et leurs performances étaient trop lourdes à combler »
Le tournant, selon Jarvis, a été l’ascension fulgurante de Ducati dès 2022. « Nous avons vu que leur vitesse de développement et leurs performances étaient trop lourdes à combler. En plus de Ducati, KTM et Aprilia ont également progressé rapidement. Pendant ce temps, Honda stagnait, ce qui nous laissait seuls face à cette croissance. »
Face à cette réalité, Yamaha a dû repenser sa stratégie. En 2023, un partenariat avec Marmotors et Luca Marmorini a marqué le début d’un redressement dans le domaine moteur. En 2024, des changements internes majeurs ont été opérés, notamment l’arrivée de Max Bartolini et d’un expert en aérodynamique en provenance de Ducati.
Jarvis considère que 2024 a été une année cruciale pour poser les bases de la reconstruction de Yamaha. « Si j’avais quitté mon poste l’année dernière, le travail n’aurait même pas été proche d’être terminé. Mais cette année, nous avons pris de grandes décisions : nous avons lancé le projet V4, intégré l’équipe Pramac avec quatre motos et restructuré notre organisation interne. »
Ces investissements, espère-t-il, permettront à Yamaha de combler l’écart avec ses rivaux européens à partir de 2025.
Bien que la domination de Yamaha soit aujourd’hui un souvenir lointain, Lin Jarvis part avec le sentiment d’avoir posé les bases d’une renaissance. « Je pense que les fondations sont solides et que la reprise pourra suivre en 2025 et 2026 » assure-t-il sur mgp-gr.
Jarvis quitte son poste avec un mélange de nostalgie et d’optimisme, conscient des défis qui attendent Yamaha mais confiant dans le potentiel de l’équipe pour revenir au sommet.
Lin Jarvis a guidé Yamaha à travers des moments de gloire et des périodes de crise. Son départ marque la fin d’une ère, mais son travail en 2024 laisse entrevoir un futur prometteur pour Yamaha, dans un MotoGP dominé par une concurrence européenne redoutable. La tâche de poursuivre cette reconstruction incombera désormais à ses successeurs, qui devront capitaliser sur les fondations qu’il a bâties.