La saison 2018 se jouera à la fois sur la piste et dans les coulisses. En effet, à la fin de cette année, les contrats des douze pilotes de pointe devront être renouvelés. Or, depuis la dernière échéance, la physionomie du marché des transferts a changé. La demande en talents s’est ainsi accrue. De trois forces majeures, nous sommes passés à six constructeurs qui cherchent leur leader. Ce qui ne va pas manquer de faire grimper la valeur de l’offre. Un scénario aux airs de cauchemar pour un Lin Jarvis proche des sous Yamaha et qui appelle carrément ses collègues à mettre au point une entente pour garder les budgets sous contrôle…
Un Lorenzo à 12,5 millions d’euros et sans la moindre victoire pour sa première année chez Ducati domine le marché des valeurs en MotoGP et il est l’équipier d’un Dovizioso qui a fini la saison 2017 vice-champion du monde en touchant dix fois moins. Un grand écart au milieu duquel on trouve tous les autres pilotes de pointe qui ont commencé leurs négociations en vue de 2019, et au-delà.
Un tableau sur lequel il faut ajouter Suzuki, Aprilia et KTM qui voudront déboulonner les trois leaders actuels Honda, Yamaha et Ducati, du sommet de la hiérarchie. Et pour ça, la tentation est grande d’élaborer une offre que l’on ne pourra refuser. Un Marc Márquez qui n’a, par exemple, encore rien signé, mérite que l’on s’y attarde !
Un scénario qui inquiète Lin Jarvis, patron de Rossi et de Viñales : « c’est un sujet pour les six constructeurs engagés. Nous étions trois par le passé à rechercher un pilote capable de tirer le maximum de performance de votre projet. Nous sommes maintenant six et ça rend les choses différentes. C’est, je pense, le moment de mener une réflexion commune et ce ne sera pas simple car nous sommes tous compétitifs ».
« Il faut garder le contrôle ce marché de transfert, pour qu’il ait un sens. Car je pense qu’il va s’emballer à l’avenir ». On n’en saura pas plus, Lin Jarvis restant sur Autosport dans le principe général sans livrer la limite financière qui serait, pour lui, comme franchir une ligne jaune.
Le même homme de Yamaha ne cite personne, mais avec un puissant sponsor comme Red Bull et des moyens intéressants, c‘est un peu KTM qui fait peur sur le sujet. Pourtant, le constructeur autrichien jure qu’il s’est engagé dans une autre voie : celle d’élever son propre champion, qu’il garderait donc sous contrôle : « nous ne voulons pas de superstar » a commenté Pit Beirer. « Nous travaillons sur notre propre programme de développement de pilotes. Et nous espérons que l’un d’eux se révélera prêt pour nous dans le futur ».
En ce sens, KTM a revu sa politique en Moto3. Ce qui n’empêche pas les Autrichiens de faire de l’œil à un certain Johann Zarco… Pendant ce temps, les négociations entre Dovizioso et Ducati s’annoncent tendues alors que chez Suzuki, la légitimité de Iannone n’est pas acquise.