Le patron des troupes Yamaha sur le terrain du MotoGP qu’est Lin Jarvis revient sur une saison 2021 qui s’est bien finie, mais qui a été tout sauf un long fleuve tranquille. Il aurait été en effet facile de basculer du mauvais côté de la force entre une M1 aux faiblesses évidentes, face notamment aux Ducati, et un pilote présent depuis cinq saisons qui a véritablement craqué, au point de s’être fait accompagner jusqu’à la sortie du box. Dans cette tourmente, Fabio Quartararo a tenu le cap et amené la marque à bon port, avec ce titre de Champion du Monde des pilotes perdu de vue depuis 2015. Cependant, en tant que manager, l’épisode Maverick Viñales restera pour Lin Jarvis un cas concret qui lui sera utile pour la suite…
Lin Jarvis a de quoi boucler l‘exercice 2021 avec le sentiment de devoir accompli. Le titre de Champion du Monde des pilotes est revenu à un de ses pilotes, en l’occurrence Fabio Quartararo, et dans la boutique d’en face, plantée en WSBK, la couronne est aussi revenue à un pilote de la marque avec Toprak Razgatlioglu. Cependant, il y a eu une situation de crise interne qui aurait pu avoir des dégâts collatéraux si Fabio Quartararo et son équipe n’étaient pas arrivés à se mettre au-dessus de la mêlée.
Un épisode que Lin Jarvis ne minimise pas à l’heure du bilan. A tel point que l’on comprend qu’il en a tiré les leçons, afin de ne plus revivre une telle péripétie dans son box : « nous avons évidemment eu des problèmes car Maverick a été inconsistant tout au long de l’année, puis nous avons atteint le point de crise, globalement à Assen où il a demandé à partir. Vous savez, il n’était pas heureux, il voulait partir et passer à autre chose. Cette histoire a été bien racontée : à ce moment, nous étions d’accord « OK, c’est bon » ».
Ce rappel fait, il fait part de sa réflexion : « avec le recul… Nous aurions pu… Anticiper cela… C’est difficile parce que quelque chose s’est passé et a évolué alors qu’on ne s’y attendait pas ». Une franchise qui est à mettre au crédit de l’Anglais qui poursuit : « je veux dire, quand Maverick a renouvelé avec nous pour 2 ans et que Valentino était sur le départ, je dirais sans doute que nous avions l’équipe la plus forte sur la grille pour commencer cette année. Maverick était dans sa cinquième année et aurait normalement dû progresser pour devenir le leader de l’équipe, car avant cela, Valentino a toujours été là. Valentino, bien sûr, c’est tellement d’histoire et tellement de liens avec Yamaha que cela peut parfois jeter une ombre sur le coéquipier. Il a donc (Viñales) vraiment très bien commencé ».
Lin Jarvis : « certaines choses vous prennent par surprise je n’avais jamais été dans cette situation avant«
« Si vous m’aviez posé la même question en mars ou avril, quand nous étions au Qatar, j’aurais répondu « Je suis totalement convaincu que nous avons pris la bonne décision et qu’il a pris la bonne décision ». Mais qui pouvait imaginer qu’en remportant la première course vous finiriez à la neuvième par avoir une crise avec le pilote qui choisit de quitter l’entreprise ? En même temps, nous étions un et deux à Assen, donc vous pouviez difficilement dire que la moto n’était pas compétitive ou que l’équipe n’était pas performante. Finalement, nous avons remporté le championnat du monde ! Donc je pense que la décision que nous avons prise à ce moment-là de renouveler avec Maverick était la bonne décision, et il est très difficile de… Vous savez, si nous pouvions tous prendre des décisions basées sur l’avenir garanti, nous serions tous très riches et probablement pas ici, mais ce n’est pas si simple que ça ».
Il termine : « certaines choses vous prennent par surprise. C’était difficile à gérer à l’époque car c’était complètement inédit, je n’avais jamais été dans cette situation avant, à la mi-saison, comme ça. Mais cela dit, je pense que nous avons finalement tous géré cela de la meilleure façon possible, et que nous sommes assez à l’aise avec le groupe que nous avons constitué ».
Maverick Viñales est à présent un pilote Aprilia Racing, marque qu’il a rejoint début septembre suite à cette séparation prématurée avec Yamaha précédée d’une suspension. Le n°12 s’est jusqu’à présent hissé à deux reprises dans les points en cinq départs. On retiendra notamment cette huitième place décrochée à Misano. Le cap de l’adaptation passé, Aprilia réclamera probablement plus de sa part en 2022.