Pour Lin Jarvis et Yamaha, l’entame de cette année 2022 sera marquée par le début des négociations avec Fabio Quartararo pour le renouvellement d’un contrat qui s’achèvera en décembre de ce millésime. Mais la décision viendra bien avant cela, et l’idée est qu’elle soit scellée avant même le début de la campagne qui s’annonce. Ce sera celle de la défense du titre acquis brillamment par le Français et qui ne demande à Yamaha que les armes pour se battre, en plus de 20 millions d’euros, parait-il. Ces munitions réclamées se trouvent dans un moteur qui doit délivrer plus de puissance. Le directeur général du team officiel de la marque d’Iwata qui va mener les discussions est, sur ce point, sur la même longueur d’onde que son pilote. Et pour cause : ce problème ne date pas d’hier…
Une redondance de l’écueil qui inquiète quelque part car si Valentino Rossi et Jorge Lorenzo n’ont apparemment pas réussi à changer le caractère moteur de la M1, on peut se demander quels arguments trouvera Fabio Quartararo pour enfin convaincre les ingénieurs d’Iwata à lâcher la cavalerie. D’un autre côté, sa force de conviction réside dans son titre acquis et dans le fait qu’il soit le seul à mettre la M1 à ce niveau de la compétition, et notamment face à une concurrence Ducati dont les machines croisent à l’allure des météorites en ligne droite.
Mais le Français n’est également plus seul sur la brèche. Après son coup de fatigue avoué, Lin Jarvis se mêle au débat, en donnant clairement raison à son pilote : « ce dont nous manquons, ce sont les chevaux ». Mais il ajoute : « pas seulement cette année, c’est quelque chose qui nous manque depuis de nombreuses années. C’est le point que nous devons résoudre. Je suis optimiste, mais nous devons être à la hauteur ».
La pression est donc encore mise sur les ingénieurs d’Iwata, qui, cependant, sont également épargnés pour leur œuvre globale : « je pense qu’il faut toujours être optimiste, mais aussi réaliste » développe ainsi le même Jarvis sur MCN. « Je pense que nous avons un très bon package équilibré, avec de nombreuses qualités positives sur notre moto que Fabio a vues, notamment en raison de la confiance qu’il a en elle. Il freine de façon incroyable, il a un énorme feeling avec l’avant », souligne le manager britannique.
Lin Jarvis : « avons-nous commencé à lui parler des détails ? Non. Le ferons-nous bientôt ? Oui«
Lin Jarvis termine ainsi son analyse : « il faut aussi regarder les choses positives, je pense que notre moto s’adapte très bien au style de Fabio. Il est très bon avec tous les gens de Yamaha, donc je veux être positif. Mais il est clair que nous devons lui donner les outils nécessaires pour continuer à gagner. Il y a six usines en compétition ici, et peut-être trois d’entre elles sont vraiment très compétitives ».
Le Britannique signale ainsi que Fabio Quartararo ne serait peut-être pas non plus aussi excellent sur une autre moto que la Yamaha avec laquelle il a grandi en MotoGP. Une théorie d’un couple où on ne peut se passer de l’un de l’autre malgré les insatisfactions qui a déjà été avancé par celui qui a expérimenté le départ vers d’autres cieux, soit Jorge Lorenzo. Et qui n’a fondamentalement pas trouvé l’herbe plus verte ailleurs.
C’est sur ces bases et cet esprit que les négociations vont être lancées. Car jusque-là, elles ne l’étaient pas entre Fabio Quartararo et Yamaha. Lin Jarvis déclaré ainsi : « nous avons fait un pas, car Frankie a un contrat jusqu’à fin 2023. Avec Fabio, bien sûr, nous sommes très heureux de le voir grandir chez Yamaha et pour les résultats qu’il a obtenus jusqu’à présent. Il est jeune et a un très bel avenir. Clairement, notre intention est de garder Fabio pour 2023 et 2024. Avons-nous commencé à lui parler des détails ? Non. Le ferons-nous bientôt ? Oui ».
Certes, mais pendant ce temps, Honda aurait avancé ses pions… « Je pense que dans cette vie il n’est pas utile de vivre dans la peur. Je pense qu’il faut être réaliste. Il faut aussi regarder les choses positives » répond Jarvis à cette menace.