Le principe en est donc acquis, des points de concession au règlement seront accordés à Honda, mais aussi à Yamaha, pour permettre aux deux constructeurs japonais de rattraper leur retard sur leurs homologues européens. Les négociations vont commencer pour transformer cette idée politique en réalité sur le terrain, ce qui ne sera pas une mince affaire. L’annonce officielle de la démarche faite directement aux médias par Carlos Ezpeleta n’a logiquement pas plu à Ducati tandis qu’Aprilia avait déjà fait connaître son opposition à Assen. Reste que le sujet n’est pas nouveau. Il est même sur la table depuis 2021 en ce qui concerne le premier constructeur mondial.
Nous sommes à la mi-saison 2023 du MotoGP, du moins au calendrier car sur 20 Grands Prix au programme, huit ont seulement été disputés. Mais cette trêve estivale sera cette fois alimentée par la chronique des points de concession au règlement, sur lesquels le promoteur réfléchit pour sortir de l’ornière Honda et Yamaha. Deux constructeurs japonais qui se font fesser chaque weekend de course par leurs homologues européens, dont Ducati est le chef de file.
Un thème qui ne surprend personne, car il est loin d’être inédit lorsqu’on l’associe à Honda. On rappellera qu’en l’état actuel des choses, les points de concession au règlement sont un dispositif mis en place en 2016 et, au départ, destiné à aider un constructeur à lancer son programme MotoGP. Ducati, Suzuki, KTM en ont profité, comme Aprilia qui n’en jouit plus que depuis cette année. Car on perd logiquement les avantages lorsque l’on commence à monter sur le podium et à gagner.
Mais lorsque l’on ne gagne plus, peut-on revenir en arrière ? A priori non. Et c’est ce qu’il va falloir négocier. Pourtant, en ce qui concerne Honda, le sujet est lancé depuis 2021. A cette époque, l’officiel Pol Espargaró, qui a profité de ces aménagements durant sa période KTM commentait : « en ce moment je n’aurais pas honte de pouvoir bénéficier des concessions. En effet ce serait utile. Il est vrai que Honda représente une maison considérée comme l’élite du sport moto, qui investit beaucoup d’argent dans le projet MotoGP, mais nous devons grandir et nous améliorer ».
Marc Marquez en 2021 sur les points ce concession pour Honda : « j’espère qu’on ne les aura pas »
L’Espagnol ajoutait : « cette année, j’ai commencé la saison avec seulement cinq jours d’essais, ce qui n’est rien et la moto n’est pas au niveau des autres. Pour 2022, les jours autorisés sur la piste seront toujours les mêmes et cela pourrait à nouveau nous pénaliser. Comme mentionné, si nous avons les concessions, ils seront les bienvenus, il n’y a pas de honte ».
Pol Espargaró était un précurseur, mais il s’est fait vite fait remettre dans le rang. D’abord par Marc Marquez : « j’espère qu’on ne les aura pas, car ça voudrait dire avoir fait des podiums et peut-être des victoires d’ici la fin de l’année », expliquait-il. « Un avantage pour l’avenir serait bien, mais je ne pense pas que nous les aurons ».
De 2021, passons à 2023 et c’est cette fois l’éclairé patron du team LCR Lucio Cecchinello qui en cause : « Honda est limité par la réglementation actuelle en termes de développement car il y a de moins en moins de tests MotoGP officiels. Si vous n’avez pas de « concessions » et qu’aucune mise à jour n’est autorisée pendant la saison, le rattrapage et le développement deviennent plus difficiles, cela se produit plus lentement ».
La solution serait donc bel et bien de classer Honda éligible aux points de concession… Ce qui voudrait dire plus de moteurs en dotation, que l’on peut développer, et surtout la possibilité de faire des journées d’essai privées avec les pilotes titulaires. Les constructeurs concessionnaires ont également le droit d’aligner six Wildcards au cours d’une saison, tandis que les autres ne peuvent en aligner que trois. Mais l’honneur en prendrait certainement un coup. Cela dit, au point où il en est en 2023…