Il n’y a pas eu d’esclandre, comme en 2019 avec le déflecteur, mais le cas Ducati a été débattu à tous les étages, ce jeudi dans les travées d’un MotoGP qui prenait ses quartiers pour lancer sa saison 2022 ce week-end. En cause, la dernière innovation technique jouant sur la correction de l’assiette de l’avant de la moto, qui a fait l’unanimité contre elle. Du moins chez les cinq autres constructeurs, qui se sont occupés de son cas, comme on le sait à présent. Mais aussi chez les pilotes. Du moins chez ceux qui ne roulent pas en Desmosedici, et il y en aura tout de même huit sur la grille de départ.
Huit sur 24 et parmi ces 24, les ténors ont été de la conférence de presse d’avant Grand Prix du Qatar. A l’énoncé de ce chapitré technique, les mines de certains se sont allongées et le discours s’est fait grave. Un ton à l’unisson. Il y a ainsi eu Joan Mir de chez Suzuki, et qui veut maintenant y renouveler son bail, qui a frappé les esprits avec ce discours : « ça commence être trop. A chaque fois on va plus vite dans la ligne droite, bientôt on atteindra 370 km/h et les circuits restent les mêmes. Les motos sont de plus en plus performantes, maintenant c’est plus difficile de faire la différence en accélérant. Si on s’en sert il est clair que tout est plus facile, mais peut-être pas le meilleur pour la sécurité ».
Marc Márquez s’est montré quant à lui plus clair sur le but à atteindre : « c’est quelque chose qu’il faudrait retirer à l’avenir. Les usines en veulent toujours plus, de plus en plus. Maintenant avec le holeshot tu as plus de vitesse, tu peux bloquer les deux axes, pendant le démarrage c’est encore plus difficile à déclencher… pour moi et pour le show rien n’est gagné. Ok, ce sont des prototypes, mais pour une moto de série, vous n’avez pas besoin de ça. Je suis d’accord avec l’aérodynamisme, c’est une bonne chose, mais la question des systèmes holeshot… »
Ducati : c’est trop pour les pilotes des marques japonaises mais Viñales de chez Aprilia dit : « l’accélération est beaucoup plus sûre avec le holeshot »
Le Champion du Monde Fabio Quartararo a commenté : « pour moi, ça commence à être trop. Jusqu’en 2019, tu appuyais juste sur le bouton de contrôle de lancement, tu accélérais à fond et tu sortais. Maintenant, tu dois contrôler trop de choses. C’est bon tu gagnes un peu, mais de mon point de vue, ça commence à être trop », a insisté l’officiel Yamaha.
A cette conférence, il y avait aussi Pecco Bagnaia de chez Ducati et Maverick Viñales d’Aprilia. Ce dernier a dit : « je n’ai pas grand-chose à ajouter. Cependant, je dois dire que l’accélération est beaucoup plus sûre avec le holeshot. Je me souviens de virages comme le dernier à Austin, où vous partez presque de zéro et où le mur est très proche, avec le dispositif la roue avant est plus en contact avec le sol. Maintenant ça va déjà trop loin. Mais je reconnais que le dispositif arrière, en sortant et en accélérant, est plus sûr ». Le dernier mot revient au vice-champion du monde 2021 qui, sans surprise, a évalué différemment la situation : « ce n’est pas un problème pour moi ».
On rappellera que Sky a rapporté que le dispositif Ducati sera toléré en 2022, car bel et bien réglementaire, mais qu’il sera a priori banni pour 2023, ou au plus tard 2024 sous la pression des cinq autres constructeurs engagés en MotoGP.
