Ce Grand Prix de France a succédé à celui d’Espagne avec au milieu un lundi de test à Jerez dont le fait marquant aura finalement été la découverte de cette intention de Suzuki de quitter le MotoGP à la fin de cette année. Si la raison en est des impératifs économiques qui concernent le constructeur, il n’en demeure pas moins que cette défection impacte le marché des transferts et les négociations qui y ont cours. Avec deux pilotes de pointe soudainement libres et deux motos performantes sorties du cadre, la demande est maintenant plus forte que l’offre. Ce qui veut dire des salaires à la baisse et un peu plus de précarité pour ceux qui sont sur la sellette. Une conjoncture suffisamment sérieuse pour attirer l’attention des pilotes qui aimeraient poser certaines limites…
C’est un sujet qui a été abordé par la Commission de sécurité qui, a priori, n’est pas faite pour ça. Mais c’est la révélation d’une grande inquiétude dans le paddock des Grands Prix de la part des pilotes sur la gestion de leur carrière. Une préoccupation économique et sociale que la sortie de Romano Fenati du Moto2 par son équipe et le retrait promis de Suzuki du MotoGP à la fin de l’année ont mis en exergue. D’ailleurs, dans cette Commission de sécurité du Grand Prix de France, Carmelo Ezpeleta était également présent et le patron de Dorna a rappelé aux personnes présentes la situation difficile du marché confirmé par le retrait du constructeur d’Hamamatsu.
Concrètement, les pilotes MotoGP ont fait part de leurs inquiétudes au PDG de Dorna Sports, Carmelo Ezpeleta concernant la tendance des contrats à bas prix mis en place par les équipes. Les mêmes pilotes expriment aussi leur étonnement concernant les contrats MotoGP de plus en plus précaires. « La plupart des pilotes, en particulier ceux de Moto3 et Moto2, sont absolument sans défense lorsque les équipes décident de rompre unilatéralement avec eux », a déclaré un participant à la réunion à Autosport. « Nous avons discuté avec Carmelo de la question spécifique de Fenati. Quand une équipe veut virer un pilote, elle le fait. Mais quand un pilote veut partir, il ne peut pas ».
Les discussions se sont principalement concentrées sur les contrats à bas salaire qui ont été mis en œuvre par la plupart des fabricants depuis que la pandémie de COVID a frappé. Les négociations contractuelles pour la saison 2023 sont en cours et un certain nombre de pilotes se sont vu proposer de nouvelles offres bien en deçà des attentes et de leur valeur.
« Nous, les pilotes, sommes les clowns de ce cirque«
Une situation déplorée par Paco Sanchez, manager de Joan Mir qui a clamé à qui veut l’entendre qu’il ne braderait pas un Champion du Monde 2020 que l’on ne peut mettre en solde. Il est entendu que Joan Mir – qui a terminé troisième du classement 2021 après avoir marqué six podiums – s’est vu offrir un tiers de son salaire actuel, ce qui représente moins que ce qu’il recevait lors de sa saison de rookie en 2019. Mais on ne sait pas qui a fait cette proposition évaluée comme « inacceptable » par le manager …
Sur GPOne, Alex Rins parle quant à lui sans se cacher : « nous avons parlé du cas Fenati et de certaines dynamiques qui arrive au pilote dans les catégories mineures. Si un pilote a un contrat, l’équipe doit le respecter sauf à payer une pénalité ou au moins donner un salaire minimum à respecter. Sinon, vous pourriez aller devant une sorte d’arbitre qui décide comment résoudre la situation d’un point de vue économique et contractuel ».
Un pilote, qui a quant à lui souhaité rester anonyme, a déclaré à Autosport : « le MotoGP est un grand spectacle et une grande entreprise, qui déplace beaucoup d’argent, et nous, les pilotes, sommes les clowns de ce cirque. Nous comprenons la situation actuelle, mais nous ne pouvons pas courir gratuitement ». C’est évident, mais apparemment pas tant que ça puisqu’il faut que les pilotes le rappellent.