L’agent de Fabio Quartararo, était hier l’invité exceptionnel de nos partenaires concoctant l’émission After Sunday. Après un TT Assen MotoGP aussi beau que riche en péripéties pour Fabio Quartararo, les questions furent évidemment très nombreuses, mais Éric Mahé s’est prêté de bonne grâce au jeu et n’en a éludé aucune. Son œil averti et sa grande connaissance des arcanes du paddock en font un témoignage de choix que nous diffuserons en plusieurs parties.
Le maître des lieux, David Dumain lui a tout d’abord demandé à qualifier au championnat les conséquences de la chute du pilote Yamaha aux Pays-Bas…
Éric Mahé : « Quand on a 34 points d’avance, c’est beaucoup moins grave que si on en a 34 de retard. Après, je ne parle pas de gaspillage mais ce n’est pas très grave : Fabio tombe très rarement et ce n’est pas un gros problème. Il a démarré la saison un peu mollement, pour différentes raisons, et il y a eu un peu un reset à Austin, puis il a gagné au Portugal, puis P2, P4, P1 et P1. Là, il y a une chute, mais ce n’est pas fondamental. »
L’animateur s’est ensuite enquis de l’état physique du jeune Niçois…
« Sur la deuxième chute, il a pris la moto sur le dos, donc il était un peu chiffonné du dos. À froid, il reste une mini douleur à l’épaule gauche, qui ne semble être qu’un hématome. Il va passer deux ou trois examens complémentaires, mais ça ne semble pas être une blessure sérieuse. »
Éric Mahé a alors apporté quelques précisions sur le pourquoi de la première chute…
« J’ai été surpris que cette chute advienne, parce que si Pecco était en train de partir, on peut faire ce genre de faute. C’est-à-dire qu’on est bloqué derrière un mec, on voit le leader de la course qui s’échappe et on peut se précipiter. Mais là, ce n’était pas le cas car c’était plutôt Fabio et Aleix qui remontaient sur Pecco à ce moment de la course. J’en ai parlé avec Fabio et en fait le tour d’avant il s’en est un peu voulu d’avoir raté une opportunité de dépassement à cet endroit. C’est-à-dire qu’il aurait pu y aller, et ça serait passé. Le tour d’après, donc, il avait ça en tête, sauf qu’Aleix est sorti différemment du droite avant le changement de direction à gauche, que Fabio était un mètre ou deux plus en arrière que le tour d’avant, et finalement ça n’est pas passé. Tout ça c’est très léger et c’est toujours du pouillème. »
Les raisons de la deuxième chute ont également été abordées…
« La première chute est la vraie chute, celle qui coûte cher. Après il repart parce que c’est son travail. Il a des petits problèmes techniques liés à la chute et il rentre au garage. À ce moment-là, il peut pleuvoir donc le team le renvoie en piste, ce qui est très logique parce que même si il a deux tours de retard et qu’il reste 13 mecs à l’arrivée, il marque 3 points. Donc le team a parfaitement fait son travail. Après, la deuxième chute, c’est un mélange de problème de Traction Control et du fait qu’il a ralenti avant de rentrer au stand, et qu’il est resté 30 secondes au stand, donc les pneus ont refroidis. Il y a eu plusieurs paramètres mais je dirais que l’on se fout un peu de la deuxième chute vu que Fabio n’est pas blessé et qu’elle n’a rien changé au scénario du weekend. »
Évidemment, le sujet de la pénalité infligée pour la prochaine course à Silverstone n’a pas été éludé…
« C’est toujours très délicat ! En bref, si on compare ça à la police, ils ne verbalisent pas assez une fois et ils verbalisent trop juste après. Sincèrement, je n’ai pas trop envie de commenter ça. Ce que j’aurais envie de dire, c’est qu’il faut lister un peu les paramètres :
– Oui, Fabio a perdu le contrôle de sa moto, certes, il a emmené Aleix Espargaró dans les graviers, Aleix Espargaró n’est pas tombé.
– Deux, en ce moment parle beaucoup de sécurité-dangerosité. Fabio fait un dépassement à un endroit où personne ne peut mourir, donc je ne vois pas où est la dangerosité.
– Et après, je trouve que dans ce genre de situation, on a le temps de l’étudier à froid puisque la pénalité est arrivée après la fin de la course, donc je pense qu’il faut introduire une notion de justice sportive. C’est-à-dire que si Fabio était ressorti du bac à graviers, et Aleix non, le pénaliser aurait été moins inadapté. Là, il y en a un qui ne finit pas sa course, qui prend une deuxième chute, et il y a l’autre qui finit quatrième. Donc mon opinion, c’est que ce n’est pas adapté. »
Michel Turco a alors exprimé qu’il comprenait évidemment la prudence des propos d’Éric Mahé, mais que cette sanction restait incompréhensible à ses yeux…
« Si tu me demandes mon avis en tant que spectateur des Grands Prix, et non pas en tant que manager de Quartararo, je te réponds que c’est complètement débile. Voilà. Ce n’est pas grave, c’est la vie. »
L’homme de l’ombre de la vitesse française ajoute…
« Après, il y a quelque chose que je trouve dommageable, au-delà de Fabio. Cette course était belle ! C’était une belle course. À l’arrivée de la course, on ne parle que de quoi ? Des pénalités ! Non , il y a aussi un effet dévastateur de ce genre de système. C’est-à-dire qu’à la fin de la course, on parle plus du problème de la pénalité que du spectacle qui a été offert en piste. Je pense qu’il faudrait vraiment que tous les acteurs se réunissent, la Dorna, l’IRTA, la FIM, et qu’ils essaient de consolider un système qui fonctionne mieux. »
L’intervention d’Éric Mahé ne s’est pas arrêtée là, loin s’en faut, et a abordé divers autres sujets, allant de Fabio Quartararo aux dernières rumeurs du paddock. Vous pourrez les retrouver en regardant la vidéo ici, en attendant de pouvoir lire notre prochain résumé…