Paco Sanchez est le manager de Joan Mir comme de Remy Gardner et les dernières circonstances qui n’ont pas ménagé ces pilotes en MotoGP l’ont formé aux subtilités de la gestion de crise. Et puisque l’on parle de crise, l’Espagnol en profite pour alerter qu’elle touche tout le paddock depuis l’avènement d’un nouveau format des Grands Prix qui ne laisse plus aucun répit à quiconque. Une vraie tuile pour Honda qui a justement besoin de temps pour se réorganiser, chercher et trouver des solutions…
Paco Sanchez a fait un point de situation de la campagne 2023, qui en est à la mi-saison de son calendrier, après huit Grands Prix et seize combats disputés. A la rentrée de la trêve estivale, il n’en restera pas moins de douze et donc 24 joutes. Le mois de juin, avec ses trois meetings a frôlé la cadence infernale. Dans un tel contexte, le moindre raté technique comme le plus petit pépin physique peuvent rapidement tourner au désastre. Justement, chez Honda, on cumule les deux calamités …
Sur AS, le manager commence par donner des nouvelles de son fer de lance Joan Mir : « il se remet de sa blessure et je pense que, pour Silverstone, il sera à 100 % » dit-il en ajoutant : « en ce moment il est touché et il considère qu’il ne faut pas venir ici sans être à cent pour cent ». Or le potentiel du Champion du Monde 2020 MotoGP avec Suzuki n’est pas seulement rogné par la blessure physique … « Il est physiquement touché et, évidemment, mentalement, il ne peut pas être heureux, car les choses ne se passent pas comme prévu ».
A partit de là, on entre dans le détail de la situation de Honda : « nous ne savons pas vraiment pourquoi et il est difficile de trouver la raison pour laquelle la moto ne fonctionne pas tout à fait comme il le souhaiterait pour son style de pilotage, mais c’est la réalité. Pour le moment, il ne peut pas rouler et montrer son talent et sa vitesse avec cette moto ».
Le manager de Joan Mir s’inquiète : « je n’ai jamais vu un championnat avec le niveau de blessures que je vois cette année »
Paco Sanchez précise : « ce que souhaite Mir, c’est que ce projet aille de l’avant, que la moto fonctionne, qu’il démontre son talent. Il veut retrouver chez Honda la confiance qui lui a été donnée lorsqu’il a signé. Les chutes de Marc ne peuvent pas lui donner de la joie ou lui donner raison. Ce que nous recherchons, c’est autre chose, et c’est que tous les pilotes Honda travaillent bien, qu’ils trouvent leur position et le set-up qui leur permette de se battre pour les premières places. C’est pour cela qu’ils ont signé, pas pour se battre pour la 18e place ».
Mais à écouter l’Espagnol, ce ne sera pas pour demain. Car Honda est piégé, poussé vers le fond du peloton par des vents contraires qu’il analyse ainsi : « plusieurs facteurs se conjuguent. Je ne dirais pas que c’est une moto dangereuse. Mais c’est une moto critique et elle l’est depuis plusieurs années, mais cette fois elle fait face à une usine Ducati qui a fait un pas de géant, avec des solutions que d’autres n’ont pas trouvées. Leurs motos dominent le championnat, le transformant même en Ducati Cup ».
Il dit aussi ceci qui ne fera sans doute pas sourire Pecco Bagnaia : « en ce moment, la moto est bien au-dessus du pilote. Dans le couple pilote-moto, avant c’était 70-30 et maintenant c’est 40-60 ou 30-70. Et il y a un autre facteur qu’on ne peut pas oublier… Ce format écrase physiquement et psychologiquement les pilotes. Je peux vous parler de Pol, Oliveira ou Bastianini, qui ne pilotent pas de Honda, et qui ont été ou sont à la maison à cause d’une blessure, à cause du stress et de la nouvelle formule, qui met les pilotes sous une pression énorme dès la première minute » développe le manager de Joan Mir.
Et il conclut : « les statistiques sont là. Ce n’est pas une pensée mais une réalité. Je n’ai jamais vu un championnat avec le niveau de blessures que je vois cette année. Mettez ensemble le format du championnat, le nombre d’accidents et le fait que la Honda est une moto critique et le résultat est une catastrophe pour nous ».
