Les punitions infligées en MotoGP est un vrai sujet, qui s’est exacerbé avec le nouveau format des Grands Prix. Lorsque le panel des commissaires FIM, dont l’indépendance est tant vantée, a été mis en place, tout le monde s’est pourtant d’abord accordé pour évaluer cette mise en place comme bonne. Pourquoi ? Parce que, pour juger des actions sur la piste et les discerner entre des faits de course et des initiatives devant être sanctionnées, il y avait dans les effectifs l’autorité d’un ancien pilote entré de son vivant dans la légende en la personne de Freddie Spencer. Avec ses 27 victoires en Grand Prix et ses trois titres mondiaux, l’Américain ne pouvait pas se tromper. On connait la suite… A tel point que, dans les souvenirs, l’officiel jouant les arbitres contestés prend le pas sur le pilote adulé. Sous le feu roulant des critiques en exerçant une mission sensible que personne ne voudrait faire à sa place, il s’exprime rarement. Il l’a pourtant fait après le Grand Prix de France.
Un entretien que l’on doit à Speedweek et qui vaut son pesant d’or puisque le manque de dialogue est toujours avancé par les pilotes qui estiment ne jamais être entendus par Freddie Spencer et ses collègues. Il y a eu une réunion au Mans entre toutes les parties qui s’est soldée par un échec, lesdits pilotes ne s’entendant même pas eux-mêmes sur le fond d’un débat qui aurait été pourtant bien utile. Cela étant dit, depuis le Grand Prix de France, quelque chose a bougé. Pecco Bagnaia l’a signalé, s’ouvrant sur une collaboration avec l‘autorité plutôt que sur une attaque frontale. Un frémissement au Mans que Freddie Spencer confirme.
Ainsi, sur le site germanophone, l’Américain signale que le Grand Prix de France a peut-être été le début de quelque chose, du genre de la naissance d’une base sur laquelle la cohérence des décisions tant réclamée pourrait être mise en place. On lit ainsi : « l’une des choses sur lesquelles nous travaillons est un équilibre entre les incidents de course et les accidents de contact. Et la dernière course a été parfaite à cet égard. Le Grand Prix de France était ce que nous aimerions voir ».
Pour rappel, dans la course MotoGP du Mans, il n’y a pas eu de pénalités après l’accident entre Luca Marini et Alex Marquez, ni pour la collision entre Pecco Bagnaia et Maverick Viñales. Alex Marquez, cependant, a reçu une pénalité sur la grille pour son « style de pilotage trop ambitieux » dans le premier tour lorsque Brad Binder est sorti large après un contact dans le virage 6.
Freddie Spencer : « la compétition en MotoGP est grande et difficile, il y a beaucoup d’émotions en jeu, du point de vue du pilote, et je le comprends »
Freddie Spencer précise : « je fais partie du panel depuis 2019 et, comme vous pouvez l’imaginer, le travail est le plus grand défi. Nous avons maintenant plus de 90 caméras si l’on compte la « télévision en circuit fermé » à laquelle nous pouvons accéder. Nous avons un bureau au contrôle de course, nous pouvons tout surveiller, à commencer par les chutes. Nous pouvons voir plus précisément quand des raccourcis sont pris ou où les pilotes sont positionnés sur la piste, où ils sortent de la piste ou dépassent les « limites de la piste ». Avec les caméras et le staff dont je dispose, le but a toujours été de nous améliorer dans l’analyse des situations en peu de temps. Par exemple, si nous donnons une pénalité pour « changer de position », nous le faisons dans un délai raisonnable, si possible dans un tour ou plus tôt ».
Une évaluation des moyens et de la philosophie qui n’est pas du genre à convaincre un team comme Yamaha qui, dernièrement, après avoir subi les foudres des commissaires, n’a pas caché ses doutes sur la compétence et le discernement des officiels. Une attaque en règle que Freddie Spencer peut comprendre : « ce que vous voyez dans ce monde aujourd’hui et dans notre sport et ce que beaucoup de gens doivent comprendre, c’est que la compétition est grande et difficile. Il y a beaucoup d’émotions en jeu, du point de vue du pilote, et je le comprends. De notre côté, c’est une question de sécurité et d’équité, mais nous voulons que les pilotes puissent courir et nous l’avons vu en France ». Le président du FIM MotoGP Stewards Panel prend donc date : il y a un avant et un après meeting au Mans. Rendez-vous dès ce week-end au Mugello pour le Grand Prix d’Italie pour le vérifier.