Lorsque Razlan Razali a annoncé qu’il ferait monter son pilote Darryn Binder, alors sous la bannière Petronas, directement du Moto3 vers sa nouvelle structure WithU Yamaha en MotoGP, beaucoup ont poussé des cris d’orfraie. Il faut dire aussi que cette révélation était contemporaine de l’accrochage dont le Sud-Africain s’était rendu coupable sur Dennis Foggia, décidant ainsi prématurément de l’issue du championnat en faveur de Pedro Acosta. Par ailleurs, Darryn ne présentait pas vraiment le même CV, plus convaincant, qu’un Jack Miller, dernier pilote alors en date à avoir ainsi grillé les étapes sous l’impulsion de Honda. Mais après 11 courses dans cette saison 2022, il faut bien reconnaître qu’au vu de son expérience asymptote de zéro, de son matériel composé d’une Yamaha surannée, et d’une équipe dévouée mais à consolider, le rookie ne s’en sort pas trop mal…
Ce parachutage en MotoGP depuis le Moto3 est sans aucun doute un cadeau empoisonné pour un Darryn Binder qui peut se brûler les ailes dans cette précipitation. Reste que le frère de Brad qui excelle chez KTM a d’abord remporté la victoire de tordre une mauvaise réputation née des batailles de chiffonniers dans la meute du Moto3.
Et puis, si on regarde le classement général du championnat, on constate qu’il a marqué 10 points, soit autant que son illustre équipier Andrea Dovizioso, triple vice-champion du monde, à la tête de 15 victoires en Grand Prix et doyen du plateau à 36 ans. Il est enfin troisième des cinq débutants engagés cette année en MotoGP. Il s’est fait remarquer avec un top 10 sous la pluie en Indonésie et il a terminé 12e sur le sec en Catalogne devant des pilotes comme le pilote d’usine Yamaha Franco Morbidelli et Jack Miller de Ducati… Un ensemble qui mérite une bonne considération pour le parcours de celui qui, rappelons-le, vient du Moto3. D’ailleurs, le pilote insiste sur ce point : « de temps en temps, j’ai l’impression que les gens oublient parfois un peu, mais juste un peu que je viens du Moto3 ».
Darryn Binder : « j’ai l’impression que tout va bien«
Il en explique les effets : « cela a été un grand pas. Tu fais quelque chose de bien et on attend de toi que tu continues, et parfois tu dois prendre du recul, tout contrôler pour repartir de l’avant. J’ai l’impression que c’est ce qui s’est passé au Sachsenring. Je suis venu de Barcelone, j’ai marqué des points, j’étais bien, j’ai été plus rapide dans les essais, j’ai réduit l’écart avec la première place dans toutes les séances. Je me suis senti assez fort pendant tout le week-end, puis j’ai raté les qualifications ». Une analyse qui l’amène à ce verdict : « vous voulez ce gain, mais parfois vous devez vous rappeler que c’est un grand pas et c’est tellement serré que si vous êtes à une seconde, vous n’êtes nulle part. Parfois, je devais me rappeler que je vais devoir faire un pas en arrière pour avancer à nouveau ».
Vu les circonstances, au moment de s’autoévaluer sur cette première partie de saison, il déclare sur Autosport : « je me donne huit sur 10 parce que j’ai l’impression que c’est un très, très grand pas depuis le Moto3, et j’ai l’impression qu’il y a eu certains points cette année où je n’ai vraiment pas trop mal fait », a-t-il ajouté. « Évidemment, j’ai eu du mal dans certaines courses, et au Sachsenring, j’ai chuté. Dans l’ensemble, j’ai l’impression d’avoir fait un travail stable et je me rapproche de plus en plus ».
« Alors, je me donnerai un bon huit. J’ai l’impression d’avoir perdu quelques courses, comme l’Amérique, je n’allais pas très bien et puis ma moto a eu un petit problème. Et au Mans, j’étais un peu perdu, et il m’a fallu un certain temps pour retrouver le chemin. Mais à part ça, j’ai l’impression que tout va bien » termine-t-il. Malgré ce bon sentiment, Darryn Binder est pour le moment sans perspectives pour l’après 2022, son actuelle écurie passant chez Aprilia et pensant à une paire Miguel Oliveira-Raul Fernandez, tandis que son actuel équipier Andrea Dovizioso a déjà annoncé sa prochaine retraite.