Il y a parfois une différence entre les réponses que fournissent les pilotes MotoGP à peine descendus de leur moto après une course, et celles exposées dans le cadre d’un échange plus décontracté, tel celui que Johann Zarco a accordé lors de la présentation du prochain Grand Prix de France dans les locaux de Canal+.
Là, le pilote français a partagé son point de vue sur plusieurs sujets d’actualité, y compris sur sa nouvelle approche des courses à l’aube de son aventure à priori pas facile avec Honda.
Impulsé par Margaux Laffite, son exposé, chronologique, commence au soir du premier test MotoGP pour la saison 2024, en novembre dernier à Valence…
« Oui, alors un challenge qui me plaît. Quand j’ai pris la moto le mardi au mois de novembre après le Grand Prix de Valencia, je pars de la Ducati, je monte sur la Honda, je suis un peu fatigué, je me rends compte que la nouvelle moto peut être intéressante, elle va pouvoir donner de bonnes sensations, et du coup c’est prometteur pour l’avenir. »
Prometteur mais avec quand même beaucoup de travail à faire puisque, même si une unique journée de travail ne préjuge pas du futur, la première Honda termine cette séance d’essais 10e à 0,7 seconde avec Luca Marini, Johann Zarco concluant cette prise en mains 17e à une seconde. D’où une certaine réflexion hivernale…
« Mais presque à se dire “mince, je viens de jouer les podiums, j’ai pu gagner ma première course en MotoGP, chaque week-end y avait le potentiel de jouer les podiums: qu’est-ce que je vais viser maintenant ?”. Et ça, ça a muri pendant l’hiver, et je me rends compte qu’en arrivant au test en Malaisie et même à la première course au Qatar, eh bien il y avait beaucoup de fraîcheur et ça a permis de se dire “Ouais, tu t’enlèves cet objectif pour l’instant, mais tu gardes bien cette lueur parce que la moto, elle va évoluer et sois prêt quand la moto sera prête aussi”. »
Un projet de développement dont le numéro #5 a déjà une expérience malheureuse…
« Et du coup, ça me plaît parce que le travail de développement, il est super intéressant. Je l’ai, on va dire raté où j’ai abandonné, sur la période KTM parce que je n’étais pas du tout avec la même expérience, je ne vivais pas les choses de la même manière. Et là, le fait d’avoir bien réussi quand même l’an dernier, ça permet de se dire “bon, ça c’est fait, maintenant va découvrir autre chose”. »
Johann Zarco est convaincu du bienfondé de sa démarche, et entend partager son enthousiasme, malgré un week-end au Portugal gratifié d’un unique point…
« Et je le dis aux Japonais. Dimanche soir au meeting, je leur ai dit “c’est obligé que ça doit fonctionner parce que vous êtes des ingénieurs, vous êtes les numéros un au Japon ». Enfin, pour être ingénieur du projet MotoGP au Japon, ça veut dire que les mecs ils savent calculer quoi ! Du coup, ce n’est pas un pilote de 24 ans qui va leur dire comment compter. Et je les ai rassurés en leur disant “On avance. Ce Grand Prix était très compliqué, mais ça doit marcher”. Ils ont su le faire avant, ils vont le faire bientôt, et ça, ça me plaît parce qu’il faut avoir du recul, vraiment, sur la situation, sinon on a tendance à trop vite s’enterrer. Voilà, pas trop regarder la position, plus regarder des fois les chronos, le temps, parce que je répète, dans cette catégorie on est 20e mais seulement à une seconde, et ce n’est pas grand chose à ce niveau-là.«
Il conclut…
« Du coup, un projet qui me plaît. J’espère vraiment que ça va marcher parce que quand je vois un Acosta, je sais que la fougue c’est énorme à 20 ans et ce que ça peut faire, ca crée une énergie qu’on n’a peut être moins à 34 ans, mais je pense que si on est assez intelligent et qu’on se rend compte des choses, essayer de retrouver cette même fougue quand la moto sera prête, en plus avec de l’expérience, pour jouer devant. »
Conformément au souhait de Johann Zarco, nous regarderons
dorénavant les temps de la très belle Honda LCR.
Au Qatar, il a fini 12e à 18.075 secondes après 21 tours, soit un
déficit de 0,86s par tour (0,7s lors des qualifications).
Au Portugal, l’écart s’est porté à 1,53s pendant le GP et 1,3s lors
des qualifications.
A voir ce que cela va donner aux
USA, où la machine a gagné l’an passé avec Alex
Rins…