La dernière décision d’une Commission des Grands Prix en plein télétravail n’a pas fait que confirmer l’entrée dans l’ère glaciaire des évolutions moteur et aérodynamiques. Elle a aussi profité de l’occasion pour régler le compte d’un « holeshot device » qui se trouve désormais définitivement confiné au MotoGP. Les Moto2 et les Moto3 n’en seront jamais dotées. Danny Aldridge, l’homme de la technique dans le paddock, avait prévenu dès mars dernier que l’aide au départ n’aurait pas droit de cité dans les catégories intermédiaires des Grands Prix. Voici que c’est maintenant inscrit dans la loi.
Dans chaque communiqué d’envergure et portant sur un intérêt général, il y a toujours ce que l’on appelle un « cheval de Troie ». Soit une disposition glissée pour l’occasion pour régler un problème annexe. La dernière réunion, électronique comme le coronavirus l’impose, de la Commission des Grands Prix, n’a pas échappé à la tendance, en réglant le compte du « holeshot device » pour les Moto2 et Moto3.
Ainsi, les appareils permettant de modifier la hauteur de la moto et d’aider le pilote dans la phase de départ du Grand Prix, qui sont actuellement autorisés en MotoGP, sont interdits en Moto2 et Moto3. En raison des coûts de développement possiblement élevés que ces appareils peuvent nécessiter, il a été décidé que cette technologie ne faisait pas partie de l’éthique des Moto3 et Moto2, conçue pour être des championnats économiques.
Connu initialement sous le nom de « holeshot device » (système de départ), ce dispositif a été introduit en MotoGP par Ducati. Son principe, relativement simple, consiste à abaisser la suspension arrière, donc le centre de gravité de la moto, au moment du départ pour lutter contre la tendance au cabrage qui, elle-même déclenche automatiquement une réduction de puissance : moins de cabrage implique que plus de puissance peut être transmis au sol. La suspension reprend ensuite sa position normale au premier freinage.
Ce système a ensuite été copié par Aprilia (en abaissant l’avant, mais le résultat est le même) et Yamaha qui dispose déjà de deux versions différentes de ce mécanisme hydraulique.
Mais depuis l’année dernière, en secret, Ducati a poussé le bouchon plus loin et a doté ponctuellement ses Desmosedici de la possibilité de faire varier la hauteur du centre de gravité, non seulement au moment du départ, mais également durant la course, d’où la nouvelle manette apparue sur le guidon des gauche des GP19.
Le principe est le même mais peut théoriquement cette fois être utilisé aussi bien en sortie de virage, pour éviter de cabrer, et donc accélérer plus fort, qu’au freinage pour retarder le décollement de la roue arrière.
On ne sait toutefois pas si les pilotes de Borgo Panigale se prêtent vraiment à cette gymnastique complète car d’une part cela devient complexe et il y a d’autre part plus à gagner à l’accélération qu’au freinage…
Quoi qu’il en soit, la Commission Grand Prix a décidé d’interdire ces systèmes en Moto2 et Moto3 pour limiter les coûts de développement. Il est donc interdit d’utiliser tout appareil qui modifie ou régule la hauteur de la moto lorsqu’elle est en mouvement. On rappellera que Danny Aldridge avait déclaré au Qatar dès le mois de mars : « nous ne permettrons pas que ce système arrive en Moto2 et Moto3, où il est très important de réduire les coûts. Si quelqu’un se présente avec cet appareil, nous dirons immédiatement non. » Et d’autant plus maintenant !