Pardon pour mon titre très peu respectueux pour nos ex-ennemis perpétuels que sont les Autrichiens, je suis de la génération Desproges, où l’on pouvait quasiment rire de tout et c’était vachement bien.
Donc, depuis 2016, l’Autriche (ré)organise son GP au Spielberg, ex Österreichring, ex A1-Ring, des noms qui faisaient peu rêver. Je suis médusé par l’absence de créativité sur la nomination d’un circuit, quand Red Bull a racheté l’endroit qu’il a totalement reconstruit (en 2008) on lui a donné le nom du village d’à côté, Spielberg.
C’est sûr que quand on est au Mans, connu dans le monde entier pour son circuit (et ses rillettes !) on peut s’appeler comme la ville d’à côté et encore, le petit tracé s’appelle Bugatti, un autre nom qui fait rêver.
C’est sûr que Monza et Imola, Silverstone ou le Mugello (dont le nom remonte aux Étrusques !) sont historiquement connus. Ils ont un nom officiel mais on les appelle toujours par leurs noms d’origine. Il y a d’autres exemples d’endroits désignés par l’agglomération du coin, Marignan (1515, la seule date dont les étudiants se souviendront toute leur vie) Pont Aven (ses galettes et son école de peinture), Rome et les chemins qui y mènent, Carnac et ses alignements, Karnak et ses temples, c’est sûr qu’à côté de noms comme ceux-là, Spielberg ça fait un peu Perpète-les-oies…
Enfin bon, c’était juste une remarque…
Sur ce circuit au nom si peu évocateur, il y a quatre lignes droites, des virages peu techniques et une épingle.
Autrement dit, c’est un circuit de moteurs.
Et donc fait pour Ducati, ce qui est confirmé par le fait que la marque a gagné ici depuis le retour du GP d’Autriche en 2016.
Ducati qui a gagné au Qatar, puis au Mugello… A Brno Dovizioso a été longtemps à trois dixièmes de Márquez (autrement dit peanuts) forçant Márquez à nous offrir une des plus grandes leçons de pilotage de toute l’histoire des GP.
Pourtant, chez Ducati, on a l’impression que l’on a le moral dans les chaussettes. Chez les pilotes en tous cas, la tête de chien battu de Dovizioso est insupportable, lui qui peut aussi avoir un sourire ravageur, mais là on est au fond du neuvième cercle de l’enfer de Dante !
Quant à Petrucci qui n’est jamais avare d’attitudes enthousiastes, qui ne ménage pas les images de son bonheur… C’est vrai quand il y a du bonheur et comme il s’est traîné à Brno il n’est pas en mode bonheur donc il fait la tronche et donc on a l’impression qu’il a le moral dans les chaussettes…
Alors, soyons clairs, Ducati, en Autriche, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
Je ne reprends pas la litanie de mes chers confrères qui écrivent que le Spielberg est la dernière chance de l’armée rouge. Presley (Elvis) a bien résumé le truc dans son énorme succès « It’s now or never » (c’est maintenant ou jamais) cinq mots suffisent, pas besoin d’en faire des pages, d’autant plus que mathématiquement ce n’est pas vrai…
Alors je hurle « Forza Ducati » simplement parce que je suis rital ? Aujourd’hui on aime les formules simplistes dignes des gogols prêts à avaler n’importe quoi que nous sommes devenus…
Mais si en effet tout ce qui est italien et rouge (et pas seulement dans la moto, mais je ne vais pas m’étendre sur mes fantasmes) a tendance à me mettre en extase, ce n’est pas la raison pour laquelle je souhaite que Ducati relance la guerre.
Moi c’est le MotoGP qui m’intéresse. Et l’écurie Ducati est capable de gagner, elle donne du piment à ce championnat, j’y reviens mais la preuve est dans ce que Márquez a du se sortir les tripes et s’arracher le pognes pour s’en dépatouiller en Tchéquie…
Je sais bien que Yamaha est en train de revenir mais c’est comme Notre Dame, ça brûle vite et c’est très long à reconstruire. Alors oui, Viñales peut encore gagner un GP, il lui arrive de temps en temps des fulgurances inexplicables (et surtout pas par lui !) mais si c’est l’occasion de se réjouir pour ses adorateurs, il y en a sûrement, ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick ni relancer le rythme cardiaque d’un fondu de baston.
Donc « Forza Ducati », et pour ses pilotes qui doutent, un de mes amis a cette formule formidable, « pleure pas avant d’avoir mal »…
Et puis, là oui je vais être de mauvaise foi, j’aime bien parfois me faire peur, en écrivant des trucs qui sentent le ranci (et donc totalement indignes de moi-même personnellement).
Un Italien qui va gagner en Autriche, historiquement, c’est une baffe qui donne des frissons de bonheur de l’autre côté des Alpes…
Avec une formulation hautement plus diplomatique, entre la Renaissance (Rinascimento) de Florence et les Yodel des montagnes du Tyrol autrichien, y a pas photo.
Forza !
(Dans ce merveilleux petit patelin de Spielberg, on doit à peu près prononcer «Vorssa ! ».
