Scott Redding est l’un de ces pilotes populaires, au
caractère bien trempé, dans la plus pure tradition britannique.
Révélé au monde en 2013, il était pourtant devenu le plus jeune
vainqueur de Grands Prix en 2008, âgé d’à peine 15 ans. Finalement,
que retenir de sa carrière en mondial ? Décortiquons tout
cela.
Que les choses soient claires : Redding n’a pas eu une mauvaise
carrière, et celle-ci est loin d’être terminée. Actuellement bien
placé en WSBK, il peut toujours espérer un retour
soudain dans le grain bain. Il s’agit aujourd’hui d’une analyse de
sa première partie de carrière, dirons-nous. Ou plutôt devrais-je
employer la première personne. Je comptais beaucoup sur ce pilote
après son excellente année 2013.
Scott est arrivé en 125cc en 2008 et s’est imposé quasi
immédiatement, surprenant tout le monde. Les années suivantes
furent compliquées, y compris en Moto2, qu’il découvrit en 2010. En
2013, l’association Kalex – Marc VDS semblait plus
forte que jamais. Pol Espargaró se dressait seul,
revêtant le statut de favori.
Pourtant, le grand britannique arriva à déjouer les pronostics
et à tenir la dragée haute à l’espagnol. Ne rentrant dans aucune
case, il bénéficia de la sympathie du public – à l’inverse de son
rival – et offrit des grands moments de spectacle. Sa victoire à
Silverstone, devant son public avec un casque et
une décoration spéciale, m’a marquée. Plus encore, sa célébration «
salamandre », très originale, à une époque ou seul Jorge
Lorenzo se donnait la peine de célébrer dignement ses
succès.
À Assen (2e), son équipe lui panneautait «
BREATHE » afin qu’il n’oublie pas de respirer, tant la
bataille était insoutenable. Les Anglais sont vaillants, valeureux,
mais peu fiables sur le long terme. Alors qu’il comptait une
trentaine de points d’avance à mi-saison, son gain fondit comme
neige au soleil et mon héros se fit aspirer par l’ogre
Espargaró, objectivement bien meilleur.
Première désillusion.
Cette performance garantit un passage en MotoGP. Logique. Cette
année chez GO&FUN Gresini fut difficile.
Pourtant, au regard des résultats détaillés, pas de quoi se
décourager. Il faut rappeler que Redding faisait partie des pilotes
Open,
succédant aux CRT. Cela signifie qu’il ne bénéficiait
que d’un matériel de seconde zone, en l’occurrence une Honda
RCV1000R. Pourtant, il n’a terminé qu’à huit points de
Álvaro Bautista, même équipe, qui lui chevauchait
une RC213V satellite. Scott finit l’année 12e, en deuxième position
du « championnat » Open bien loin derrière Aleix
Espargaró.
En 2015, l’Anglais retrouve Marc VDS, dans une
écurie privée cette fois. Malgré un podium – chanceux – à Misano,
l’exercice est pénible. Redding est le moins bon pilote Honda hors
Open, et prend 41 points par Cal Crutchlow à matériel égal. Cette
saison pousse Redding vers la sortie, mais un guidon Ducati chez
Pramac lui tend les bras.
Fini les Open, tout le monde au même niveau. Accompagné de
Danilo Petrucci, les deux hommes se battirent au
long de l’année pour avoir le meilleur matériel l’année suivante.
La proposition de Ducati était simple : Celui qui termine devant
l’autre aura une GP17, l’autre restera sur la même machine.
Là encore, pas de débat. Petrucci était meilleur. Malgré un podium
de Redding et quatre courses manquées par « Petrux
», c’est tout de même l’Italien qui remporte cette
bataille interne pour un petit point à Valence. Cruel, mais il faut
se rendre à l’évidence. Pour Redding, cela ne passe pas.
En 2017, il n’y était plus. 14e du classement avec ses gros
problèmes d’irrégularité et bien trop de chutes. L’ère de l’E.C.U.
unique aurait dû le mettre en avant, lui faire prendre des podiums,
mais il n’en est rien. Bautista, à 33 ans et
machine égale mais moins bonne structure, termine devant lui. La
fin de l’histoire est proche.
Le Brit’ trouve une porte de sortie chez Aprilia mais réalise
une saison catastrophique (21e) avant de s’échapper en BSB.
Que retenir de tout ça ?
Cet article a été réalisé dans un but précis. Souligner le niveau
exceptionnel du plateau MotoGP, quoi qu’il en
soit, et même s’il est moins bon maintenant que de 2010 à 2015.
Scott Redding a échoué, tout en étant un excellent pilote. Ces
mots, durs, sont écrits sans animosité ni mauvaise foi. Encore une
fois, il comptait parmi mes favoris. Sur trois marques, il n’a pas
été capable de relever le défi. Ce n’est pas grave, ce n’est pas
dévalorisant. C’est la loi du haut niveau.
L’exemple de Redding n’est pas pris au hasard non
plus. Malheureusement, il souffre du syndrome «
dark horse » comme l’on aime dire outre-Manche.
Sur les réseaux sociaux comme dans ses déclarations, Scott se
positionne toujours en victime contre ses détracteurs, qui
doivent se compter sur les doigts d’une main, voulant à
tour prix endosser cette tenue d’outsider mort de faim détesté de
tous, quitte à se lever tout seul pour défendre la veuve et
l’orphelin.
La réalité est toute autre. Tout le monde aime Redding, ou
au pire, il indiffère. Scott a bénéficié du même
traitement que les autres pilotes et a eu de nombreuses occasions
de prouver son talent en MotoGP.
Reverrons-nous Redding en catégorie reine ? Dites-le-nous
dans les commentaires ! En espérant que cet article vous
ait plu !
Photo de couverture : Michelin Motorsport