À la veille du Grand Prix de France, Valentino Rossi figure à la 21e place du championnat du monde, à égalité avec son frère Luca Marini. Le constat est d’autant plus sévère que, contrairement à la saison passée qu’il avait terminée en 15e position, ce résultat n’est pas le reflet de chutes ou de courses manquées en raison de la Covid.
Dès lors, et en fait même avant, les clans s’affrontent sur les réseaux sociaux, certains brûlant aujourd’hui ce qu’ils ont adoré pendant des années et réclamant la mise à la retraite du nonuple champion du monde, les autres scrutant désespérément le moindre signe d’amélioration des résultats de la Yamaha numéro 46 circuit après circuit.
Au-delà des opinions de chacun, il existe des éléments
incontestables sur le sujet :
– Actuellement, les résultats sont mauvais. Le dernier podium du
Docteur remonte à Jerez 2020, sa plus mauvaise saison (quasi)
complète, et ce début d’année est encore pire. Pneus Michelin à
carcasse souple, augmentation et resserrement des performances, peu
importent les causes.
– Valentino Rossi exerce son métier avec toujours autant de professionnalisme, et sa motivation est toujours aussi grande. Soyons clair : Le champion italien s’est élevé au statut d’icône du sport moto au fil de ces 20 dernières années. Aujourd’hui, ni la recherche de gloire ni l’argent sont les motivations de son engagement en championnat du monde MotoGP. L’homme de Tavullia est simplement accro à la compétition motocycliste, comme en témoignent son mode de vie et ses activités au Motoranch.
– Valentino Rossi a 42 ans, soit 12 de plus que Johann Zarco, déjà considéré comme un pilote « très expérimenté ».
Dans ces conditions, même si Valentino Rossi continue à envisager un possible avenir en MotoGP « en fonction des résultats », cette année chez Petronas est sans doute la dernière en compétition en tant que pilote, l’Italien devant par ailleurs s’occuper de son team en MotoGP à partir de l’année prochaine.
Giacomo Agostini, dans une interview reportée par le site espagnol AS, fait part de son point de vue sur le sujet.
« Récemment, je dînais en Italie et la cuisinière était
une de mes fans de 70 ans. Elle m’a dit qu’elle était ma fan mais
que maintenant elle était amoureuse de Valentino Rossi, ce qui est
bien, car il a beaucoup gagné. Et elle m’a dit :
« Giacomo, pourquoi tu ne dis pas à Valentino de se retirer
? » Certaines personnes me demandent de dire à Rossi de se
retirer, mais je ne peux pas faire ça. Ça me rend triste de voir
Valentino sans victoire, mais je ne peux pas lui dire, parce que
c’est quelque chose de personnel. J’ai du respect pour lui et je ne
veux pas être un professeur ou un père. Le père de Valentino dit
qu’il devrait courir pendant trois ou quatre ans de plus, mais je
ne suis pas le père et je ne dis rien.
Cela m’attriste de le voir comme ça, parce que Valentino a été
un spectacle pendant de nombreuses années. Tout le monde admirait
Valentino parce qu’il apportait de la joie. Tant qu’il y a de la
vie, il y a de l’espoir, dit-on, mais la réalité est ce qu’elle
est. »
Ceux qui, cette année, prennent la peine de lire tous les débriefings de Valentino Rossi, sont sans doute convaincus que l’immense champion est toujours aussi motivé mais ne se voile pas la face sur ses difficultés actuelles, les énonçant avec lucidité et répondant avec franchise toutes les questions, y compris celles qui font mal.
Le spectacle est parfois difficile mais rien que cela justifie par lui-même le fait que Valentino Rossi a plus que largement gagné le droit de se faire plaisir, tant qu’il prend du plaisir. Après tout, il y a actuellement en MotoGP des pilotes dont le palmarès est sans commune mesure et qui ne font guère mieux…