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Fabio Quartararo

Pour juger du niveau d’une MotoGP, il faut attendre le verdict de la compétition et, chez Yamaha comme ailleurs, on ne peut se référer pour le moment qu’aux indications relatives données par les derniers tests de l’intersaison. Pour ce qui qui est de la M1, les ingénieurs d’Iwata ont incontestablement donné à leur pilote Fabio Quartararo ce qu’il réclamait à cor et à cri : une bonne vitesse de pointe. En effet, au Qatar, la Yamaha était en tête dans ce domaine avec une moyenne de 347,9 km/h dans ses cinq mesures les plus rapides. Et pourtant, les feuilles des temps livrées par les tracés lors de la période des essais hivernaux donnaient un Quartararo terminant onzième à Sepang et 14e au Qatar tandis que son nouveau coéquipier Alex Rins pointait 15e et 16e. Inévitablement, des questions se posent.

Il semble que la situation actuelle de Yamaha en MotoGP soit complexe et soulève des questions sur la direction du développement de la moto, ainsi que sur le rôle de Fabio Quartararo en tant que pilote et contributeur au développement de la machine.

En effet, Yamaha a répondu aux demandes du Français en matière de puissance moteur, ce qui a conduit à des vitesses de pointe plus compétitives. Cependant, l’amélioration de la puissance n’a pas nécessairement conduit à une amélioration des temps au tour, en partie en raison d’un manque de traction sur la roue arrière, comme l’a souligné le Champion du Monde 2021 de MotoGP.

Par ailleurs, il est toujours apparu une divergence entre les priorités de Fabio Quartararo en tant que pilote et les retours des autres pilotes Yamaha en matière de développement. Bien que Quartararo ait initialement rejeté l’importance de l’adhérence, ses performances récentes suggèrent qu’il reconnaît désormais son impact sur les temps au tour. « L’adhérence est notre plus gros problème. L’améliorer est notre objectif principal pour cette saison » a-t-il commenté au soir du dernier test de Losail.

Une position qui rappelle celle d’Andrea Dovizioso lorsqu’il était encore en fonction chez Yamaha, et pourtant à l’époque, soit il y a deux ans, le tricolore ne validait pas cette priorité. Le site motorsport-magazin mentionne les commentaires de Fabio Quartararo en guise de réponse aux arguments de Dovi : « l’adhérence, c’est la puissance du moteur ! Pour moi c’est très clair et si on me le demande encore 20 fois, ma réponse sera toujours la même ».

Yamaha doit-il apprendre avec Fabio Quartararo la leçon Honda avec Marc Marquez ?

Lors de cette intersaison, il avait aussi répondu à Cal Crutchlow, le pilote test Yamaha, qui est de la même sensibilité que Dovisioso : « nous savons tous que Cal peut parfois être un peu difficile. Je comprends certainement son approche et je sais ce qu’il veut dire, mais je pense aussi qu’il ne comprend pas vraiment quel est notre problème ».

Reste ce constat en cette veille de saison 2024 de MotoGP : Yamaha a donné à Fabio Quartararo une M1 qui s’affirme à présent parmi les meilleures vitesses de pointe. Mais elle reste pourtant en bas des classements. Une situation qui soulève des questions plus larges sur le rôle des pilotes dans le développement des motos de course. Bien que des pilotes talentueux comme Quartararo puissent masquer les faiblesses d’une moto grâce à leur habileté, ils peuvent aussi être moins sensibles aux problèmes techniques sous-jacents. Paradoxalement, des pilotes moins talentueux peuvent fournir des retours plus précieux car ils sont plus susceptibles de rencontrer les limites de la moto et de mettre en lumière ses faiblesses.

La conjoncture a un air de déjà-vu. On pense bien sûr au cas de Marc Marquez chez Honda. Et cela donne écho aux voix dans le camp HRC qui reprochent, au moins partiellement, à Marc Marquez l’échec de ces dernières années. C’est pourtant lui qui a rapporté six titres à la firme de Tokyo. Et c’est bien Quartararo qui a remporté le premier titre MotoGP de Yamaha en 2021 après une période de sécheresse de cinq ans. Le Français est aussi l’auteur des neuf dernières victoires Yamaha dans la catégorie reine. Il semble que Yamaha doive trouver un équilibre entre les retours des pilotes et les priorités de développement pour maximiser les performances de sa machine dans le MotoGP. Un dilemme qui n’est pas insurmontable. Regardez Ducati.

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