De / Motosan.es
Être numéro 1 d’une marque en MotoGP vous procure un statut différent. Les ingénieurs suivent vos instructions, le chef d’équipe vous traite aux petits oignons et vous avez une longueur d’avance sur le reste de vos coéquipiers pour continuer à être le meilleur.
Traditionnellement, Honda a toujours eu un numéro 1 dans ses rangs. Dans les années 80, c’était Freddie Spencer, puis, après sa blessure, ils ont parié sur Wayne Gardner, et sont ensuite venus Lawson et Doohan en 1989. Avec le départ de l’Américain en 1990, Doohan s’est emparé de la place et est sans aucun doute devenu le « patron » du box de 1991 jusqu’à son accident à Jerez en 99. En fait, il a avoué un jour que lorsque Honda a commencé à l’écouter, au milieu des années 90, à la place de Gardner, la NSR 500cc s’est améliorée à pas de géant.
Le statut de numéro 2 de Honda a été subi par Alex Crivillé tout au long de sa carrière. Les événements de Jerez en 1996 en sont la preuve. Il y a eu une invasion de la piste dans le dernier tour, empêchant l’Espagnol de gagner à cause de sa chute dans le dernier virage. La chose logique aurait été de déposer une réclamation pour annuler ce dernier tour, mais cela n’a pas été fait car cela aurait signifié que Doohan aurait terminé deuxième au lieu de premier. Honda avait clairement un numéro un en la personne de l’Australien.
A partir de 2000, Valentino Rossi a été le numéro un de Honda, même si Crivillé portait le numéro un à l’avant de sa moto. Aucune NSR ne fonctionnait correctement, à l’exception de celle de l’Italien, qui avait hérité de la moto et de l’équipe de techniciens de Doohan. Avec le départ de Rossi en 2004, Honda s’est perdu parmi les Barros, Biaggi, Hayden, Melandri… Jusqu’en 2006 quand Pedrosa est arrivé.
Dani a été choisi comme numéro un par la marque et ils ont donc conçu la RC212V 800cc en fonction de sa petite taille. A tel point que le champion de la saison précédente, celui qui portait le numéro 1 sur sa moto, Nicky Hayden, pouvait à peine y caser ses jambes. Le Catalan a été le numéro un de Honda jusqu’en 2011, date à laquelle Stoner est arrivé. Avec le retrait de l’Australien et l’arrivée de Marc Márquez , on voit bien qui « règne » au HRC jusqu’à présent.
Pourcentage de podiums des pilotes officiels par marque:
En regardant le pourcentage de podiums des pilotes des marques ne bénéficiant pas des concessions, on voit que Suzuki dépend actuellement d’Álex Rins et Honda de Marc Márquez, qui sont tous les deux en position forte. Sur les 21 podiums de Honda, 18 sont revenus au champion MotoGP, alors que comme nous le savons, son coéquipier de 2019 n’a pas été présent dans le top dix.
Chez Ducati, nous avons Andrea Dovizioso en tête, qui a remporté plus de 50% des podiums de la marque. Son coéquipier Petrucci, bien qu’il ait très bien commencé, a régressé dans la deuxième moitié de l’année. Neuf des dix-sept podiums sont allés à « Dovi » qui, à 33 ans, a passé les dernières saisons de sa carrière sportive à accumuler trois places de vice-champion consécutives.
Alors que chez Suzuki on attend l’évolution de Joan Mir pour 2020 après une année d’apprentissage difficile, cela incluant les blessures, le « cœur du problème » se situe chez Yamaha qui, loin d’avoir un numéro 1 définitif, n’en a même pas 2, mais 3 ! Viñales a réalisé 43,75% des podiums, en terminant troisième du championnat, tandis que son coéquipier Rossi n’en a réalisé que 12,75%… Qui a remporté les 43,75% restants ? Un jeune homme de 20 ans d’une équipe satellite sans moto officielle.
Meilleur pilote de chaque marque (pourcentage):
Au-delà des podiums, nous verrons à quel point le meilleur pilote de chaque marque est arrivé devant ses rivaux avec la même moto. Marc Márquez, le numéro un incontesté de Honda, a été le meilleur dans 18 des 19 courses auxquelles il a participé, à l’exception de sa chute à Austin où Nakagami a été le meilleur pilote de la marque japonaise. À l’heure actuelle, Dovizioso est aussi clairement le meilleur de sa marque, étant le meilleur Ducatiste dans 12 des 19 courses, avec Petrucci à 4 reprises et Miller à 3 autres.
Chez Suzuki, Rins a été le meilleur pilote en 15 occasions contre 4 à Joan Mir au guidon de la seule moto identique à la sienne sur la grille. KTM avait signé Zarco et Aprilia a signé Iannone pour essayer de faire un pas en avant dans le pilotage leurs motos, sans se rendre compte qu’ils avaient déjà le talent à la maison. Aleix Espargaró sur la marque italienne et surtout Pol Espargaró, pour la marque autrichienne, ont été les pilotes numéro un de leurs usines respectives. Dans le cas de « Polyccio », d’une manière écrasante, ce dernier étant presque aussi dominateur pour KTM que Marc Márquez pour Honda.
Nous en arrivons donc à l’affaire Yamaha. Il est bien connu que Lin Jarvis n’hésite pas à mettre deux « coqs dans le poulailler ». Avec Lorenzo et Rossi pendant de nombreuses années, il a formé l’une des meilleures équipes de l’histoire, en contrepartie de tensions et de guerres internes. Valentino a dû partir fin 2010 pour cette raison et pour les mêmes raisons Jorge s’en est allé piloter pour Ducati en 2017.
En 2019, Maverick Viñales est le pilote d’Iwata qui a le plus souvent terminé devant ses coéquipiers sur la même moto 7 fois… Mais attention ! Rossi a été le meilleur pilote Yamaha à 6 reprises, soit le même nombre que pour le « rookie » Quartararo. En cumulant ces données avec le pourcentage de podiums, on trouve des données objectives favorables à Viñales, mais seulement de peu devant Quartararo.
Sur le papier, le team Yamaha officiel idéal pour 2021 et 2022 devrait être Viñales et Quartararo, mais la réalité est que tout dépend de Valentino Rossi. L’Italien a perdu de la vitesse au fil des ans, et a en fait connu sa pire période en MotoGP : 46 GP sans victoire. Même pendant son passage chez Ducati, il n’était pas si éloigné du sommet. En raison de son histoire et de son importance dans la marque, si Rossi décide de continuer à courir au-delà de 2020, il aura droit à une place de pilote officiel.
L’autre place serait en jeu entre Viñales (24 ans) et Quartararo (20 ans), les deux grands rivaux de Marc Márquez en cette fin de saison. Si Rossi décide de continuer, Ducati attendra à bras ouverts le talent écarté. La « guerre » pour être le numéro un chez Yamaha est grande ouverte et les premières courses de 2020 seront essentielles pour voir comment chaque pièce se positionne.
Lors d’une année où la M1 promet d’être à un haut niveau, en améliorant ses problèmes de moteur/électronique, le gros problème de Yamaha pourrait se concentrer dans les bureaux, avec une situation où son pilote numéro 1, en raison de son âge, n’est plus le plus rapide de la marque.
Lire l’article original sur Motosan.com
Crédit photo: MotoGP.com