Hier à 11 heures, a eu lieu dans les locaux de la FIM à Mies, à proximité de Genève, l’audience de la Cour d’Appel de l’institution internationale qui régit les courses de motos.
A l’ordre du jour, bien sûr, la réclamation déposée par Aprilia, Honda, Suzuki et KTM à l’encontre de Ducati, accusé d’avoir utilisé au Qatar un aileron qui ne fait pas que de refroidir le pneu, comme Luigi Dall’igna, le représentant du département course de la firme italienne, l’avait expliqué au Directeur Technique du MotoGP, Danny Aldridge.
Bien sûr, l’audience s’est déroulée à huis clos dans le bâtiment circulaire de la FIM, et le verdict est attendu pour lundi ou mardi prochain, mais il a été visiblement très difficile de conserver la confidentialité des débats puisque de nombreux détails précis ont filtré dès hier soir dans la presse italienne.
Sous réserve de véracité, on apprend ainsi que la séance a duré plus de six heures et que, face à Ducati (Gigi Dall’Igna et Fabiano Sterlacchini) et leur conseil juridique, siégeaient Aprilia (Massimo Rivola) et Suzuki (Davide Brivio) avec un avocat commun, ainsi que Honda (Alberto Puig) et KTM (Mike Leitner) sans avocat.
Il apparaît ensuite que, plus que vraisemblablement, Ducati verra sa victoire entérinée au Qatar, avant tout car aucun des plaignants ne l’a formellement remise en cause. Les 25 points de la victoire seront donc attribués à Andrea Dovizioso, et c’est déjà à notre avis une excellente chose pour le sport.
Le sujet de ce long débat a porté sur l’appui aérodynamique que
peut générer le fameux déflecteur fixé sous le bras oscillant de la
GP19 italienne.
La défense de Ducati s’est articulée autour de deux axes.
Tout d’abord, l’avocat de Borgo Panigale a argumenté sur le fait que le spoiler était uniquement conçu pour refroidir le pneu arrière et que l’appui aérodynamique engendré, apparemment démontré par les plaignants, n’était qu’une conséquence fortuite, mais non voulue.
Cette « bonne foi », que l’on a franchement un peu de mal à croire, permet par ailleurs de renforcer le deuxième argument, avancé cette fois par Gigi Dall’Igna lui-même : le spoiler a été autorisé au Qatar par le seul représentant technique mandaté à cet effet, Danny Aldridge. Les équipes accusatrices ont répondu que l’autorisation s’était déroulée de manière « légère et approximative » lors d’une réunion de 15 minutes à peine dans le box Ducati et qu’une « vérification technique plus minutieuse et structurée » aurait été appropriée. Danny Aldridge, connecté via Skype, a essayé de défendre avec grande difficulté son travail en expliquant avoir fait appel à l’honnêteté intellectuelle de l’équipe Ducati. Autant dire que sa crédibilité semble avoir pris un bon coup…
Quel que soit le verdict rendu en début de semaine prochaine, les accusateurs n’auront pas recours au Tribunal Arbitral du Sport, mais sont convaincus que le spoiler sera interdit et, surtout, que le règlement sera dorénavant plus précis dans ce domaine.
Mais au jeu du chat et de la souris, on sait bien qui court derrière qui…
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