La crise est ouverte entre les constructeurs en MotoGP. La pierre d’achoppement vient de ce dispositif qu’a placé Ducati devant la roue arrière de sa GP19. Officiellement pour préserver le pneu de l’eau pulvérisée en cas de piste mouillée. C’est donc pour la sécurité des pilotes, et il a été accepté comme tel. Mais Borgo Panigale argue aussi du fait que ça permet de refroidir le même pneu par tout temps. Ce qui n’est pas pour déplaire à un Danilo Petrucci grand et lourd, une morphologie qui torture cette gomme postérieure. Mais partant de là, on parle de flux d’air. Et si on pousse plus loin on cause appui et effet de sol…
C’est justement là que se situe la pomme de discorde. Quatre constructeurs l’ont mauvaise. Soit tous sauf celui objet de la plainte et Yamaha, qui, à Valence l’an passé, a monté ce sabot devant la roue arrière de sa M1. Mais la fronde semble être menée par Aprilia qui a accueilli en son sein un ancien de la Formule 1. Un monde où ce genre de débats a régulièrement cours. Il s’agit de Massimo Rivola, ancien de la Scuderia Ferrari, et qui s’occupe de la partie sportive de l’aventure de la firme de Noale. La partie technique est laissée à Romano Albesiano. Cependant, c’est bien Rivola qui argumente sur cette plaine qui a été certes rejetée au soir du Qatar, mais fait l’objet d’un appel. L’affaire n’est donc pas close !
Rivola tient avant tout à déminer le terrain sur ses origines : « je ne veux pas être un donneur de leçon venu de la Formule 1 qui explique comment les règlements doivent être faits » assure-t-il sur GPOne. « Je ne suis pas un technicien, mais il nous faut plus de professionnalisme ». Voilà une pierre dans le jardin du responsable technique du MotoGP, Danny Aldridge…
Sur le même site, il explique la situation : « j’avais prévenu Dall’Igna que s’ils utilisaient ce dispositif, nous ferions une réclamation. Nous avons des simulations électroniques qui montrent qu’il génère de l’appui aérodynamique. La pièce est en forme de triplan. Pourquoi avoir trois ailes ? C’est soi-disant pour évacuer l’eau, mais ils l’utilisent sur le sec. C’est soi-disant pour refroidir le pneu et pourtant, au Qatar, le problème est exactement le contraire. Il serait là pour gommer le handicap de Petrucci, mais Dovizioso, plus léger l’utilise ».
Il ajoute : « ce n’est pas à nous de prouver que la pièce génère de l’appui mais à Ducati de démontrer qu’il n’en produit pas. Nous savions que notre réclamation serait rejetée au Qatar. C’est pour ça que nous avions déjà les documents pour interjeter appel. Cela fait des années que je suis dans les sports mécaniques, et je sais qu’il ne se gagne pas un gramme sans que l’on ait en tête une amélioration de la performance ».
Le feuilleton est donc loin d’être terminé. D’autant plus qu’en supplément de la question posée s’affronte deux cultures dans l’approche du problème, avec un leader venu de la Formule 1. Ce dernier ne voulait pourtant pas que le MotoGP ressemble au monde d’où il est issu…