Au fur et à mesure que le temps s’écoule depuis la réclamation de quatre constructeurs au Qatar contre Ducati, le ton monte et l’ambiance se dégrade dans le paddock. La réponse des officiels au sujet de la légalité de ce déflecteur accroché au bras oscillant de la Desmosedici GP19 se fait donc languir. Mais l’affaire est aussi politique, si bien qu’elle laissera des traces. Dans un entretien au site officiel motogp.com, Gigi Dall’Igna, le druide de Borgo Panigale y va officiellement fort. L’édifice patiemment construit par Dorna en sera-t-il ébranlé jusque dans ses fondations ?
A écouter l’homme de Ducati, la forme de cette affaire a peut-être plus choquée que le fond : « c’est la première fois que certains teams décident de formuler une réclamation contre une autre équipe sur la base d’un doute technique. Les temps changent et dans ce cas précis, pas forcément en bien. Le Directeur technique est normalement le seul à pouvoir décider si une chose montée sur la moto est conforme ou non. À ce rythme-là ça risque de devenir un vrai Far West, imaginez s’il y a un recours à chaque course ! »
La référence sur l’époque laisse songeur et suggère les vils règlements de compte. Mais Gigi Dall’Igna parle aussi carrément de coup de force… « Ils ont d’abord interrogé le directeur technique, puis le Collège des Commissaires FIM MotoGP. Ça montre bien une certaine méfiance envers la Fédération. Jusqu’au Qatar, les rapports étaient toujours corrects. Comme je l’ai dit, à chaque fois qu’il y avait un souci, on en discutait au sein de la MSMA et nous étions tout à fait disposés à le faire, si la question avait été abordée et c’est d’ailleurs toujours valable pour nous. Visiblement au Qatar, quatre constructeurs ont décidé de changer d’approche. Ils ont décidé de changer les règles, défiant ainsi la Fédération ».
Lien de cause à effet, on se souviendra qu’à Losail, le nouveau Président de la FIM, Jorge Viegas, organisait, en marge du Grand Prix VisitQatar, une présentation de ses troupes et le rôle de chacun. Les plaignants ont-ils décidé de mettre cette nouvelle équipe à l’épreuve du feu ? En tout cas, sa première décision sera d’importance ! « Nous sommes convaincus que notre travail est parfaitement conforme au règlement technique. Nous n’avons donc aucun doute sur le fait que cet appel sera rejeté ».
Dans le cas contraire, ce serait l’ouverture de la boite de Pandore… Gigi Dall’Igna a déjà prévenu qu’il demanderait que l’on se penche sur le cas des ailerons Honda. Et puis il y a toujours le danger d’externaliser le conflit… « Au sein de la FIM, la Cour d’Appel est le dernier recours possible. Si vous faites recours à la Cour d’Arbitrage du Sport, vous quittez le périmètre de la FIM et je ne veux même pas y songer. Nous sommes tellement convaincus d’être dans notre droit, que nous ne voyons pas en quoi la Cour d’Appel leur donnerait raison. Si ça arrive, nous y réfléchirons, mais au moment voulu ».
Ce conflit entre puissants en coulisse entache un sport, qui a pourtant démontré tout son intérêt sur la piste, avec ses héros, les pilotes. Une fâcheuse conjoncture que l’Italien est le premier à regretter : « depuis que je travaille dans ce monde et même bien avant, il a toujours été en évolution technique permanente. C’est ce qui fait la beauté de notre sport depuis des années, conjugué au talent et au pilotage. Marc et Andrea en ont fait la démonstration dimanche au Qatar en nous livrant un magnifique combat. Nous aimerions nous aussi, n’avoir à parler que de ça ! »
Dall’Igna: “We were a bit perplexed”https://t.co/BotafVhHn9 speaks to Ducati Corse General Manager about the aerodynamic complaints filed against the Bologna factory after the #QatarGP#MotoGP | 📰https://t.co/ddwMccNPA7 pic.twitter.com/GRXQkpCi1g
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) March 18, 2019